
La gestion de la douleur lors de l’accouchement est un sujet qui préoccupe bien des femmes enceintes. D’où proviennent les douleurs au moment d’accoucher ? Quels sont leurs rôles ? Est-il possible de les atténuer ?
Douleur pendant l’accouchement : on fait le point.
Qu’est-ce qui provoque la douleur pendant l’accouchement ?
La douleur pendant l’accouchement est due aux contractions de l’utérus, qui commencent en début de travail et continuent jusqu’à la sortie de votre bébé. Concrètement, le muscle utérin se contracte si fort qu’il est moins bien irrigué en sang et donc en oxygène, ce qui provoque cette douleur. A cela s’ajoutent l’étirement des organes pelviens voisins et la dilatation du col.
Pour rappel, un accouchement se déroule en 4 phases distinctes :
- Le travail : le travail marque le début d’un accouchement. C’est là que les contractions, à l’origine de la douleur pendant l’accouchement, permettent au col de s’ouvrir.
- L’engagement et la descente : c’est le moment où le bébé commence à descendre dans le bassin, ce qui peut prendre de quelques minutes à quelques heures, en fonction des femmes et du nombre de grossesses préexistantes.
- La phase d’expulsion : c’est à ce moment que naît l’enfant.
- La délivrance : le moment où le placenta est expulsé par de nouvelles contractions, marquant la fin de l’accouchement.
Les contractions sont généralement irrégulières en intensité et en fréquence en début de travail (phase de latence). Elles se stabilisent ensuite à un rythme soutenu de 3 à 5 min d’intervalle et d’intensité grandissante. Elles durent environ 1min avec une phase où l’intensité monte puis une phase de relâchement progressif, lors de la phase active. Les fibres musculaires se concentrent sur le sommet de l’utérus pour exercer le plus de force possible vers le bas et ainsi pousser le bébé vers le col de l’utérus qui s’efface et s’ouvre au fur et à mesure. Les contractions, loin de causer une douleur qui signalerait un problème, guident au contraire la future mère dans son enfantement.
A quoi ressemble la douleur au cours de l’accouchement ?
Concrètement : à chaque contraction, le muscle qui constitue la couche externe de l’utérus (le myomètre) durcit. Si vous touchez votre utérus, vous pourrez sentir qu’il est dur dans sa totalité. Les contractions viennent par vagues, plus ou moins rapprochées, qui peuvent être associées à une sensation plus ou moins intense que beaucoup de femmes comparent à des “douleurs de règles”. Mais comme pour les règles, certaines femmes ressentent les contractions plutôt dans le ventre, d’autres dans le dos, d’autres encore dans les cuisses… à chacune son ressenti !
La douleur causée par chaque contraction utérine s’intensifie progressivement au cours du travail. Les contractions rythment le travail, accompagnent le fœtus dans sa descente et provoquent l’envie de pousser lorsque le bébé appuie sur le rectum. Quand le bébé arrive au niveau du périnée, ce dernier s’étire sous la pression de la tête (ou des fesses), provoquant une sensation de brûlure et de très forte pression au niveau périnéal. Ce moment ne dure que peu de temps, mais peut être ressenti de façon très vive.
Bon à savoir également : la douleur pendant l’accouchement est généralement intense mais sa perception varie en fonction des femmes. Quoi qu’il en soit, si vous avez des inquiétudes ou des questions avant ou pendant l’accouchement, n’hésitez pas à vous tourner vers votre professionnel·le de santé, qui est aussi là pour vous accompagner.
Si vous avez des questions sur ce sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sage-femmes vous répond 7j/ 7 de 8h à 22h.
Que faire pour atténuer cette douleur ?
Il existe différentes méthodes pour vous aider à mieux supporter la douleur pendant l’accouchement. Voici les plus courantes.
Les séances de préparation à l’accouchement
On dit souvent que le savoir, c’est le pouvoir ; eh bien, dans le cadre d’un accouchement, une bonne préparation en amont aide souvent à mieux vivre les différentes étapes de la naissance, tant sur le plan émotionnel que physique. Aussi, il y a de fortes chances que votre professionnel·le de santé vous ait parlé des séances de préparation à l’accouchement.
Il s’agit d’une consultation auprès d’un·e sage-femme (ou rarement, d’un·e médecin) durant laquelle on vous apprendra à mieux gérer la douleur pendant l’accouchement grâce à des méthodes de relaxation ou de respiration.
Bon à savoir : le yoga prénatal, l’hypnose, l’acupuncture ou les exercices de méditation peuvent aussi être des moyens utiles pour vous aider à vous détendre avant ou durant l’accouchement. N’hésitez pas à vous renseigner auprès d’un·e professionnel·le qualifié·e.
L’anesthésie péridurale
Les femmes enceintes peuvent également choisir d’avoir recours à la péridurale afin de mieux supporter la douleur pendant l’accouchement. La péridurale est une technique d’anesthésie loco-régionale. Elle consiste en l’injection d’un produit analgésique via un cathéter placé entre les deux vertèbres lombaires, afin de soulager la douleur des contractions. Son utilisation est aujourd’hui largement répandue en France.
L’anesthésie péridurale permet de faire disparaître (ou d’atténuer) la douleur des contractions tout en maintenant la conscience et les sensations. Toutefois, cette option n’est pas forcément nécessaire.
Le fait d’accoucher avec ou sans péridurale est donc un choix très personnel dans lequel vos professionnel·le·s de santé peuvent vous guider en répondant à vos questions, sans pour autant prendre la décision à votre place.
Bon à savoir : votre décision d’avoir recours ou non à une péridurale peut apparaître dans votre projet de naissance et être transmise à l’avance à votre équipe médicale
Un environnement propice à la relaxation
Si vous envisagez un accouchement physiologique, l’environnement doit donc être propice à la relaxation en salle d’accouchement. N’hésitez pas à écouter de la musique relaxante, à utiliser des lumières tamisées et à vous faire masser par votre accompagnant⸱e.
Bon à savoir : ne sous-estimez pas le rôle de la personne qui vous accompagne. En effet, l’hôpital peut sembler hostile quand on n’y est pas habitué : personnel médical en blouse, langage particulier, appareils et matériel inconnus… Le rôle de la personne qui vous accompagne prend alors toute son importance en se positionnant comme un véritable repère pour vous le jour J.
Les hormones
L’ocytocine, l’hormone du plaisir, orchestre les contractions (NB : elle joue aussi un rôle dans l’allaitement). Elle agit de concert avec les prostaglandines, qui renforcent les contractions et favorisent la compliance du col à se modifier. Pour contrebalancer ces effets, le corps produit également d’autres hormones appelées endorphines, sorte de morphine naturelle que notre corps fabrique lui-même. Cette deuxième hormone a un effet apaisant et antalgique qui soulage la douleur et aide à supporter l’intensité des contractions.
Changer de position
Les mouvements sont aussi une solution pour soulager les douleurs. Vos professionnel⸱le⸱s de santé vous encourageront donc souvent à bouger et à marcher lors du travail, si votre état le permet. Il est également possible que l’on vous conseille de changer régulièrement de position, ce qui peut aider à moins ressentir les douleurs du travail.
Bon à savoir : il est possible d’adopter de nombreuses positions au cours du travail pour favoriser l’ouverture de votre bassin et faciliter la descente du bébé pendant le travail. On retrouve notamment les positions : allongée sur le côté, accroupie, debout, assise ou encore à quatre pattes. Des accessoires peuvent vous aider à bouger dans ces positions : ballon, cacahuète, liane… N’hésitez pas à discuter de vos envies avec votre équipe médicale et à varier les positions si vous en ressentez le besoin.
Accouchement et douleur : les tranchées
Les tranchées font partie des choses vécues par votre corps en post-partum. Il s’agit de contractions, plus ou moins ressenties, et plus ou moins douloureuses, ayant lieu après l’accouchement. Elles limitent les saignements et permettent à l’utérus de retrouver sa taille d’avant grossesse. Les tranchées cessent entre 3 à 7 jours après la naissance du nouveau-né, mais sont surtout ressenties les tous premiers jours. D’ailleurs, de nombreuses femmes ne les ressentent même pas lors d’un premier accouchement, mais plutôt pour les suivants. Elles peuvent être plus intenses quand vous allaitez car de l’ocytocine est sécrétée.
La douleur joue un rôle important pendant l’accouchement. Elle est le signe que le processus de travail est en cours. Nous vous conseillons de participer aux cours de préparation à l’accouchement et/ou d’effectuer des exercices de méditation ou de respiration afin que le jour J se déroule au mieux !
**
Crédits photos : o1559kip | alvanfotografia | DC_Studio | YuriArcursPeopleimages