Le retard de croissance intra-utérin (RCIU) indique que le fœtus ne se développe pas aussi rapidement que prévu dans l’utérus. Ce phénomène, souvent lié au placenta, peut être détecté lors des échographies de suivi de grossesse et nécessite une attention particulière pour minimiser les risques de complications.
RCIU et grossesse : on vous dit tout.
Qu’est-ce que le RCIU ?
Le retard de croissance intra-utérin (RCIU) est une condition médicale observée pendant la grossesse qui indique que le fœtus est plus petit que prévu pour l’âge de la grossesse. Cela signifie que le bébé ne suit plus une courbe de croissance normale dans l’utérus, ce qui peut entraîner des complications in utero, à la naissance et après. Le RCIU est souvent détecté lors des échographies de suivi de grossesse.
Différencier PAG et RCIU
Il est essentiel de faire la distinction entre un fœtus petit pour l’âge gestationnel (PAG) et un RCIU.
- Un fœtus PAG est naturellement petit mais suit sa courbe de croissance, même si elle est plus basse que la norme (en dessous du 10ème percentile). Dans ce cas de figure, on ne retrouve pas de cause au petit poids : c’est un foetus constitutionnellement petit.
- En revanche, un RCIU se caractérise par un arrêt ou un infléchissement de la courbe de croissance, indiquant un problème sous-jacent. En anglais, on parle de “restriction” de croissance.
A savoir : un RCIU est très souvent PAG, mais il ne l’est pas forcément. Il est possible de parler de RICU pour un fœtus avec un poids estimé au-dessus du 10ème percentile.
Bon à savoir : autrefois, ces deux conditions étaient regroupées sous le terme RCIU, ce n’est plus le cas aujourd’hui car il s’agit de deux conditions très différentes, qui ne demandent pas la même prise en charge.
Causes du RCIU
Les causes du RCIU peuvent être variées et incluent des conditions médicales maternelles, placentaires et fœtaux. Parmi les facteurs de risque maternels, on trouve principalement :
- L’antécédent de PAG.
- L’âge (au-delà de 35 ans, le risque est multiplié par 3).
- La primiparité et la grande multiparité.
- L’hypertension artérielle (chronique ou gravidique) ou la pré-éclampsie.
- Les maladies chroniques comme le diabète préexistant avec atteinte vasculaire.
- La consommation de tabac, d’alcool et/ou de drogues : le risque est multiplié par deux pour une consommation de 10 cigarettes par jour, ou pour une consommation alcoolique régulière.
- L’insuffisance pondérale ou à l’inverse, l’obésité, ainsi que le niveau socio-économique défavorisé sont également des facteurs de risque.
Les causes placentaires peuvent inclure un placenta qui s’est développé de façon anormale dans l’utérus, une malformation du cordon ombilical ou encore un décollement chronique du placenta. Ces causes vasculaires empêchent le fœtus de recevoir des apports suffisants et limitent donc sa croissance.
Concernant les causes fœtales, elles peuvent être liées à des anomalies génétiques, mais aussi à des malformations ou à un infection.
Diagnostic du RCIU
Le RCIU est généralement diagnostiqué lors des échographies de dépistage au deuxième et troisième trimestre, qui permettent d’estimer le poids du fœtus. Parfois, c’est la mesure de la hauteur utérine au détour d’un examen de suivi de grossesse qui motivera une échographie.
Si, lors d’une échographie, l’estimation de poids fœtal est inférieure au 10ème percentile, une seconde mesure quelques semaines plus tard permettra d’évaluer l’évolution de la croissance, et d’ajuster le diagnostic. N’oublions pas que l’estimation de poids à l’échographie comporte une marge d’erreur d’environ 10% : ainsi, une mesure à la limite de la normale peut finalement se trouver dans la norme au contrôle.
A savoir : il existe des courbes de référence ajustées selon la taille et le poids de la mère, sa parité (nombre d’enfants qu’elle a déjà eus), et le sexe fœtal. En effet, une mère de petite taille fera par exemple probablement un enfant plus petit tout en restant dans la norme.
En parallèle, et selon la situation, des investigations peuvent être menées pour rechercher l’origine de ce petit poids estimé : un examen d’échographie doppler sur les vaisseaux utérins et du cordon ombilical à la recherche d’une anomalie de circulation du sang, des examens sanguins, urinaires et bactériologiques peuvent être réalisés (recherche d’une origine vasculaire, infectieuse…). Dans certains cas, une amniocentèse peut aussi être proposée (recherche d’une origine génétique ou infectieuse).
Un suivi sera ensuite mis en place avec des consultations régulières auprès d’un·e sage-femme ou d’un·e gynécologue-obstétricien·ne afin de dépister toute complication foetale ou maternelle : monitorage de la pathologie de la mère si cause retrouvée, monitoring foetal, échographies avec doppler ombilical et mesure de la quantité de liquide… Ce suivi vous permettra également de décider avec votre professionnel·le de santé de la meilleure approche pour l’accouchement.
A savoir : on détermine la sévérité d’un RCIU en fonction du percentile de croissance estimé. Quand le poids du fœtus est estimé en deçà du 3ème percentile, on parle de RCIU (ou PAG) sévère.
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Conséquences du RCIU sur la grossesse et l’enfant
Le terme RCIU fait donc référence à une cassure dans la courbe de croissance du fœtus. Ce retard de croissance peut avoir un impact à la naissance, à long terme et sur la grossesse.
Risques pendant la grossesse
Le RCIU, quand il est sévère, est associé à un risque potentiel de mort fœtale in utéro. C’est pourquoi, une fois ce trouble diagnostiqué, vous serez suivie de près par vos professionnel·le·s de santé tout au long de votre grossesse afin de détecter tout signe de détresse fœtale. Parfois, une hospitalisation peut même être indiquée.
En cas de complication, un déclenchement ou une césarienne peuvent être envisagés, pour minimiser les risques pour la santé de votre bébé. La décision de poursuivre la gestation ou de provoquer la naissance repose sur une balance bénéfice-risque soigneusement calculée par vos professionnel·le·s de santé, visant à protéger aussi bien la mère que l’enfant : est-il plus avisé de poursuivre la grossesse et préserver l’enfant d’une naissance prématurée, ou mieux vaut-il le faire naître pour lui offrir de meilleurs apports quitte à ce qu’il naisse plus tôt.
Conséquences à la naissance
Les bébés atteints de RCIU peuvent faire face à plusieurs complications néonatales. D’autant plus, évidemment, si la naissance a été précipitée et selon le degré de prématurité.
À la naissance, ces nouveau-nés sont souvent de petit poids, ce qui peut entraîner des difficultés respiratoires et nécessiter une assistance respiratoire.
Les bébés de petits poids peuvent également avoir des problèmes de thermorégulation, c’est-à-dire qu’ils ont du mal à maintenir une température corporelle stable : les soignants redoubleront d’attention pour le maintenir au chaud : peau à peau, table, berceau ou rampe chauffante.
Il existe également un risque d’hypoglycémie (un faible taux de sucre dans le sang) et de jaunisse. Une alimentation bien rapprochée sera recommandée, et une surveillance de la glycémie par prélèvement sanguin au talon (“dextro”) pourra être instaurée. Pour ce qui est de l’ictère, il sera surveillé comme chez tous les nouveau-nés.
Effets à long terme
Les enfants nés avec un RCIU peuvent être exposés à divers risques pour leur santé, sur le long terme. Bien sûr, cela dépend de la sévérité du retard de croissance, des causes de ce retard et aussi du terme de naissance. Ils peuvent présenter des retards de développement moteur et cognitif, nécessitant parfois un suivi.
Il existe également des preuves suggérant un risque accru de maladies métaboliques telles que l’obésité, le diabète de type 2 et l’hypertension à l’âge adulte. Ces enfants peuvent également être plus susceptibles de développer des troubles cardiovasculaires.
Prise en charge et suivi du RCIU
Nous l’avons vu, un RCIU peut s’avérer dangereux pour le fœtus, c’est pourquoi la grossesse fera l’objet d’un suivi attentif.
Suivi médical pendant la grossesse
Lorsqu’un retard de croissance intra-utérin (RCIU) est diagnostiqué pendant la grossesse, il est essentiel de mettre en place un suivi médical pour surveiller votre santé et celle de votre bébé. Ce suivi inclut des échographies régulières pour évaluer la croissance fœtale et une surveillance au doppler pour évaluer la circulation sanguine dans le cordon ombilical
A savoir : les échographies “de croissance” doivent être espacées d’au moins 2-3 semaines, pour pouvoir évaluer au mieux l’évolution. Les faire de façon plus rapprochée, même si on pourrait penser que c’est préférable, ne permet pas une meilleure surveillance.
La surveillance de la quantité de liquide amniotique est également importante pour détecter tout signe de détresse fœtale.
Comme pour toute grossesse, la surveillance des mouvements du fœtus par la mère est importante : toute baisse significative ou absence de mouvements actifs foetaux doit justifier une consultation aux urgences.
En parallèle, une prise en charge de la santé maternelle permettra de limiter les complications :
- en cas de diabète, équilibrer les glycémies maternelles en adoptant une alimentation équilibrée ou en instaurant un traitement par insuline.
- en cas de tabagisme, en diminuant voire si possible arrêtant la consommation
- en cas d’hypertension artérielle : en instaurant un traitement permettant de maintenir la tension maternelle à des valeurs convenables.
Déclenchement et césarienne
En cas de RCIU, le moment de l’accouchement est une décision importante. Si la croissance du fœtus ralentit de manière significative ou si des signes de dégradation de l’état du fœtus apparaissent, un déclenchement de l’accouchement peut être envisagé : en fonction de la sévérité du RCIU, ce déclenchement peut avoir lieu prématurément (si possible après 32 SA), ou à partir de 37 SA pour les RCIU modérés sans complication.
Selon le poids estimé et le terme de la grossesse, la mère peut être orientée vers une maternité de type adapté (II ou III), afin de pouvoir bénéficier des infrastructures nécessaires pour l’accueil du nouveau-né.
La césarienne peut être envisagée, surtout si la santé du fœtus est préoccupante et que le terme est peu avancé. En effet, il pourrait ne pas bien supporter les contractions de travail..
A savoir : dans certains cas très sévères, si le pronostic vital du bébé à la naissance paraît très compromis, ou si le pronostic maternel est engagé (prééclampsie), une discussion autour de l’interruption de la grossesse peut être engagée. De nombreux paramètres seront pris en compte et le souhait des parents sera respecté.
Après la naissance, une analyse du placenta peut être indiquée (notamment en cas de poids inférieur au 3ème percentile) à la recherche de lésions ou malformations placentaires.
Et pour une grossesse suivante ?
Compte tenu des facteurs de risque évoqués plus haut, il peut être intéressant de rechercher un IMC préconceptionnel ni trop bas, ni trop haut (entre 18 et 30 kg/m2), et de diminuer voire si possible arrêter toute consommation de tabac, alcool et drogues.
En cas de RCIU inférieur au 5ème percentile dont l’origine vasculaire était probable, ou en cas de prééclampsie avant 34 SA, le CNGOF recommande un traitement par aspirine dès le début d’une grossesse ultérieure. Ce traitement permet de diminuer le risque de pathologies vasculaires.
Une consultation préconceptionnelle auprès d’un médecin est indiquée, pour faire d’éventuelles recherches chez la mère et programmer la grossesse au meilleur moment.
La prise en charge du RCIU durant la grossesse nécessite donc un suivi médical renforcé, pour minimiser les risques de complications à la naissance et à long terme. Si vous avez des questions ou des inquiétudes, n’hésitez pas à consulter la personne qui suit votre grossesse ou un·e professionnel·le de l’équipe May, disponible 7 jours sur 7.
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Photos : Pressmaster | itchaznong | seventyfourimages