
Dans les jours qui suivent l’accouchement, vos seins commencent à produire du lait. C’est la montée de lait. Après la montée de lait, il est probable que du lait coule de vos seins, même lorsque votre bébé n’est pas en train de téter. Ces fuites de lait sont fréquentes lors des premières semaines d’allaitement et peuvent être désagréables. A quoi sont-elles dues et comment les arrêter ?
Fuite de lait et allaitement : faisons le point.
Les causes de la fuite de lait au cours de l’allaitement
Les fuites de lait peuvent être fréquentes les premières semaines de l’allaitement et peuvent avoir différentes origines.
La succion de votre bébé
Lors de l’allaitement, il est possible que vous sentiez du lait couler d’un de vos seins alors même que votre bébé est en train de téter l’autre sein. La succion favorise en effet la libération d’ocytocine et de prolactine dans votre corps. Ces hormones favorisent l’éjection du lait, sans distinction entre vos seins. Il est donc tout à fait normal que du lait coule de votre sein quand votre bébé tète l’autre sein.
Entendre les pleurs d’un bébé
Bien que cela puisse paraître surprenant, il est possible que du lait coule de vos seins lorsque vous entendez un bébé pleurer. Ici encore, il n’y a rien d’anormal. Dans ce cas, la fuite est également causée par le réflexe d’éjection. Lorsque vous entendez un bébé pleurer (sans forcément que ce soit le vôtre), votre corps va instinctivement se préparer à le nourrir. Ce réflexe biologique va provoquer une augmentation de la circulation sanguine dans vos seins. Cela peut engendrer des fuites.
Vos seins sont “pleins”
Il est fréquent que les fuites soient causées par un « trop-plein » de lait dans vos seins. Deux causes peuvent expliquer ce phénomène :
- Vous n’avez pas allaité votre bébé depuis plusieurs heures. Ainsi, pendant ce temps, du lait s’est accumulé dans vos seins jusqu’à ce que ceux-ci finissent par “déborder” et fuir.
- Il est possible que vous produisiez plus de lait que n’en boit votre bébé. Cela peut donc conduire à une fuite de lait, puisque le lait produit n’est pas intégralement bu par votre bébé.
Mais attention, une fuite de lait pendant l’allaitement ne signifie pas forcément que vous produisez trop de lait. Lors des premières semaines de l’allaitement (6 semaines environ), votre corps produit de la prolactine à chaque tétée. Cette hormone favorise la production et l’éjection du lait. C’est pour cela que vos seins se remplissent rapidement. Après quelques semaines, les pics de prolactine diminuent et la production de lait se régule progressivement pour suivre les besoins et le rythme du bébé. Le phénomène de « trop-plein » s’estompe et les fuites également.
La durée de ces fuites varie selon les femmes : chez certaines elles disparaissent après quelques semaines, tandis que chez d’autres elles peuvent se prolonger plusieurs mois, notamment lors des montées de lait nocturnes ou jusqu’à l’introduction de la diversification alimentaire.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe d’infirmières puéricultrices et de pédiatres vous répond 7j/ 7 de 8h à 22h.
Que faire en cas de fuite de lait pendant l’allaitement ?
Bien que les fuites de lait soient tout à fait normales, elles peuvent être désagréables. Voici quelques conseils pour limiter les fuites et éviter qu’elles ne perturbent trop votre quotidien au début de l’allaitement.
Allaiter à la demande
L’allaitement à la demande consiste à mettre votre bébé au sein aussi souvent qu’il le réclame. Lors des premiers jours de vie, il est normal que votre bébé dorme beaucoup, notamment pour récupérer de la fatigue accumulée pendant l’accouchement. Dans ce cas n’hésitez pas à mettre votre bébé au sein dès les premiers signes d’éveils (il s’agite, il porte ses mains à sa bouche, il ouvre régulièrement la bouche …).
Offrir le sein à votre bébé aussi souvent que possible permet de faciliter la mise en place de l’allaitement. Même si la succion stimule la lactation, la régularité des tétées permet d’éviter que vos seins soient “trop pleins” et vous fassent souffrir.
Exprimer du lait
Exprimer un peu de lait peut vous aider à réduire la tension dans vos seins. L’expression contribue donc à prévenir les fuites. Plusieurs options pour tirer votre lait s’offrent à vous selon vos préférences. Si vous tirez votre lait occasionnellement, nous vous recommandons l’expression manuelle ou l’utilisation d’un tire-lait manuel, plus pratique et moins encombrant qu’un tire-lait électrique.
L’expression manuelle du lait maternel consiste à stimuler votre sein avec les doigts pour déclencher l’éjection du lait. Des effleurements et massages doux, réalisés en cercles ou du haut du sein vers le mamelon, aident à activer ce réflexe naturel.
Cette méthode ne nécessite pas de matériel spécifique et permet de faciliter le démarrage de l’allaitement, d’améliorer l’efficacité du tire-lait, de soulager un engorgement lorsque votre bébé ne tète pas.
La technique repose sur un geste simple : placer votre pouce et votre index à 2 à 3 cm du mamelon, sur l’aréole, puis exercer une pression en les rapprochant doucement sans les glisser. Après chaque pression, relâcher et répéter le mouvement jusqu’à ce que le lait cesse de couler, puis alterner avec l’autre sein.
Bon à savoir : sur l’application May nous avons une fiche dédiée et illustrée pour vous aider, n’hésitez pas à la consulter !
Utiliser des coussinets ou des coupelles d’allaitement
Les coussinets peuvent être lavables ou à usage unique en fonction de vos préférences. Une fois placés dans votre soutien-gorge, les coussinets d’allaitement vous permettront d’éviter de tacher vos vêtements. Il faut en revanche penser à les changer régulièrement.
Les coupelles (ou coquilles) d’allaitement représentent une alternative aux coussinets d’allaitement. Elles sont particulièrement efficaces si vos fuites de lait sont abondantes. Comme les coussinets, les coupelles sont placées entre le sein et le soutien-gorge. Elles permettent également de recueillir du lait pendant les tétées. Ce lait pourra être stocké au réfrigérateur ou au congélateur pour être consommé plus tard par votre bébé.
Le soutien-gorge d’allaitement
Pour faciliter l’utilisation de coussinet ou de coupelles d’allaitement, le soutien-gorge d’allaitement peut être utile pour plus de confort. Il est conseillé d’attendre la fin de la grossesse, vers le septième ou huitième mois, quand la poitrine se stabilise, avant d’investir. Les modèles dits évolutifs sont particulièrement pratiques : ils s’adaptent sur plusieurs tailles et bonnets, anticipant ainsi les variations liées aux montées de lait. Selon vos préférences, certains soutiens-gorge permettent de dégager totalement le sein ou simplement l’aréole lors de la tétée.
Le soutien-gorge doit avant tout être facile à ouvrir et refermer d’une seule main afin de ne pas vous gêner au moment des tétées et vous apporter plus de confort.
Le réflexe d’éjection fort : de quoi s’agit-il ?
Le réflexe d’éjection fort (REF) correspond à un débit de lait particulièrement rapide, surtout lors de la première éjection. Fréquent et sans gravité, il peut toutefois gêner votre bébé s’il n’est pas identifié. Il est important de ne pas le confondre avec un reflux gastro-œsophagien (RGO).
On le repère grâce à différents indices. Chez votre bébé : des déglutitions rapides et difficiles à réguler, des lâchers brusques du sein avec pleurs ou cambrures, une impression d’étouffement, des régurgitations fréquentes, ainsi que des selles explosives ou verdâtres.
Du votre côté, le REF se manifeste par des jets de lait puissants et abondants, parfois associés à une hyperlactation.
Plusieurs astuces peuvent améliorer la situation :
- privilégier des positions d’allaitement où la gravité réduit l’intensité du jet (allongée ou semi-allongée),
- exprimer un peu de lait manuellement avant la tétée pour évacuer la première éjection,
- proposer le sein dès les premiers signes d’éveil sans allonger les intervalles,
- éviter de sur-stimuler la production.
Fuites de lait et allaitement au travail
Au travail, il est fréquent de connaître des fuites de lait dans les premiers temps de l’allaitement. Pour rester à l’aise, nous vous conseillons d’utiliser des coussinets d’allaitement. Si vous ressentez les picotements annonçant la montée de lait, comprimer fermement votre poitrine en croisant les bras peut aider à limiter l’écoulement et à absorber le surplus dans les coussinets.
Tirer votre lait sur votre lieu de travail présente plusieurs avantages : cela entretient la lactation, réduit le risque d’engorgement et aide à prévenir les fuites. C’est aussi une bonne façon de constituer les réserves nécessaires pour nourrir votre bébé le lendemain.
La loi encadre ce droit : selon l’article L.1225-30 du Code du travail, toute mère dispose d’une heure par jour, durant la première année de l’enfant, pour allaiter ou tirer son lait. De plus, les entreprises de plus de 100 salariés ont l’obligation de mettre à disposition un local adapté.
Enfin, le stockage de votre lait est essentiel. Si vous avez accès à un réfrigérateur, vous pouvez y conserver le biberon dans de bonnes conditions. Pour le transport jusqu’à la maison, une pochette isotherme avec des pains de glace permet de maintenir la chaîne du froid et de garantir la qualité du lait.
Au-delà de l’aspect physique, les fuites peuvent avoir un impact émotionnel : certaines mamans ressentent de la gêne, du stress ou même de la fatigue liée à ces situations imprévues. Se retrouver avec des vêtements tachés ou craindre une fuite en public peut être source d’anxiété. Si vous êtes sujette à des fuites de lait, pensez à prendre un vêtement de rechange avec vous.
Dans la majorité des cas, les fuites de lait les premières semaines de l’allaitement sont bénignes. Mais il est important de consulter un·e professionnel·le de santé si vous ressentez des douleurs intenses, des rougeurs, une fièvre ou un engorgement sévère. Ces symptômes peuvent indiquer une infection ou une mastite. L’utilisation de coussinets, l’allaitement à la demande ou l’expression manuelle de votre lait peuvent vous aider à limiter ces fuites. Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à consulter un·e professionnel·le de santé ou un·e consultant·e en lactation pour vous accompagner.
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Crédits photos : molenira | Daria_Nipot | yurakrasil | Okrasyuk