Le post-partum est une période de bouleversements avec des changements à la fois physiques et émotionnels, qui apporte son lot de joies mais aussi parfois de difficultés. Face à l’intensité des semaines et mois qui suivent l’accouchement, il peut-être facile de se laisser submerger et s’isoler, alors que de nombreux angles d’action peuvent vous aider à vivre au mieux cette période.
Comment se préparer au post-partum ? Faisons le point.
Qu’est-ce que le post-partum ?
Le post-partum, période qui suit l’accouchement, est encore malheureusement trop peu accompagné. Voici comment mieux comprendre ce qu’est le post-partum et les différentes possibilités de prise en charge durant cette période.
Définition du post-partum
Le terme post-partum désigne la période qui suit immédiatement l’accouchement. C’est une étape de transition où votre corps se réadapte progressivement à son état d’avant la grossesse, tout en découvrant un nouveau quotidien avec votre bébé. Cette période de réadaptation concerne aussi bien la récupération physique, les ajustements psychologiques que la réorganisation de votre vie familiale.
Combien de temps dure le post-partum ?
Le post-partum se terminerait au premier jour du retour des règles, date variant grandement d’une femme à l’autre, notamment en fonction de la méthode d’allaitement employée. Mais les difficultés liées au post-partum ne s’interrompent généralement pas si vite. Récupérer de toutes ces transformations physiques et émotionnelles après la grossesse peut mettre beaucoup plus de temps.
Selon Anna Roy, sage-femme et autrice du livre Le post-partum dure 3 ans (Editions Larousse, 2023), le post-partum s’étend sur trois ans. Selon elle, cette période bouleverse profondément la vie d’une femme : il ne s’agit plus seulement de vivre pour soi, mais aussi pour un autre être, avec une responsabilité qui nous engage à jamais.
Le post-partum reconfigure votre identité sous toutes ses formes :
- L’identité corporelle : transformations physiques et hormonales comparables à celles de l’adolescence.
- L’identité psychique : la naissance crée une nouvelle part de soi, qui redistribue l’équilibre entre les autres facettes (femme, amoureuse, professionnelle…).
- L’identité amicale et familiale : comme lors d’un deuil, le cercle amical et familial évolue, se renforce ou se fragilise.
- L’identité professionnelle : le rapport à la carrière, au temps et au sens du travail est souvent remis en question.
- Le quotidien : un enfant de moins de trois ans représente environ huit heures de travail supplémentaires par jour.
- Les finances : l’arrivée d’un enfant entraîne fréquemment une baisse du niveau de vie.
En somme, le post-partum n’est pas un court moment, mais une véritable transition identitaire et existentielle.
Les transformations physiques et psychologiques du post-partum
Entre douleurs corporelles liées à l’accouchement et vulnérabilité émotionnelle, le post-partum est une période de bouleversements intenses. Certaines manifestations sont normales et font partie du processus de récupération, d’autres nécessitent une surveillance particulière afin de préserver votre santé.
Les transformations physiques inhérentes au post-partum
Avoir donné naissance à votre enfant a demandé d’énormes efforts à votre corps et il va vous falloir un certain temps afin d’être complètement rétablie. Voici à quoi vous attendre en post-partum.
Les tranchées
Les tranchées sont des contractions utérines pouvant être surprenantes puisqu’elles surviennent après l’accouchement pour permettre à l’utérus de retrouver sa taille d’avant grossesse et pour limiter les saignements. Certaines femmes les ressentent à peine, d’autres en souffrent davantage, notamment lors des tétées puisque l’ocytocine stimule ces contractions.
Elles disparaissent généralement entre 3 et 7 jours après l’accouchement. Si les douleurs persistent au-delà, il est conseillé de consulter.
Les lochies
Les lochies sont des saignements post-accouchement et sont tout à fait normaux. Ils correspondent à l’évacuation des débris du placenta et des membranes utérines. Leur aspect varie énormément en fonction des jours et ils durent en moyenne 2 à 3 semaines.
Les cicatrices dues à l’accouchement
La majorité des femmes présentent une petite plaie liée à une déchirure, une épisiotomie ou une césarienne. La cicatrisation demande du repos et des soins adaptés :
- Nettoyer la cicatrice matin et soir (et après chaque passage aux toilettes pour une plaie périnéale) avec un savon doux.
- Sécher en tamponnant délicatement, sans frotter.
- Éviter le sèche-cheveux, qui peut irriter les tissus.
- En cas de césarienne, veiller à ce que la culotte ne frotte pas sur la cicatrice.
Des visites à domicile par une sage-femme (prises en charge) permettent de vérifier la bonne évolution de votre cicatrisation.
Les hémorroïdes
Les hémorroïdes sont des petits vaisseaux sanguins situés à l’intérieur de l’anus et du rectum. Après l’accouchement, il est très fréquent de souffrir d’hémorroïdes à cause des efforts de poussée fournis lors du travail.
Les signes physiques à surveiller
Même si la plupart des manifestations du post-partum sont normales, certains signes doivent alerter :
- Une hémorragie : des saignements très abondants (une serviette hygiénique saturée en moins d’une heure) doivent vous amener à consulter d’urgence.
- Des saignements malodorants.
- Une fièvre élevée ou persistante.
- Des douleurs intenses ou persistantes malgré les antalgiques.
- Une cicatrice rouge, gonflée, suintante ou douloureuse.
- Un malaise général, une grande fatigue inexpliquée ou une tristesse durable.
En présence de ces symptômes, consultez rapidement une sage-femme ou un·e médecin. Les symptômes du post-partum sont encore trop minimisés par les jeunes mères, il est important de rester vigilante.
Les conséquences psychologiques du post-partum
Au-delà du physique, l’équilibre émotionnel est mis à rude épreuve durant cette période. Selon l’Assurance Maladie, le fameux baby blues touche environ 50 à 80 % de jeunes mamans dans les jours qui suivent la naissance.
Cette période est passagère et tout rentre généralement dans l’ordre en une quinzaine de jours. Le meilleur remède est le repos et la bienveillance envers vous-même. Laissez vos émotions s’exprimer librement et parlez-en à vos proches et laissez-les vous soutenir.
Mais il ne faut pas confondre ce phénomène transitoire avec la dépression post-partum, touchant 10 à 20 % des mères dans les semaines qui suivent l’accouchement. La dépression post-partum est beaucoup plus lourde et persistante, nécessitant un accompagnement.
Si vous ressentez une souffrance intense durant cette période, écoutez-vous et demandez de l’aide. Les professionnel·le·s de santé sont là pour vous accompagner.
Si vous avez des questions sur ce sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sage-femmes vous répond 7j/ 7 de 8h à 22h. Vous pourrez également y trouver notre programme post-partum incluant tout ce dont vous avez besoin pour bien vivre cette période.
Conseil 1 : anticiper le post-partum
Le congé prénatal de maternité n’est pas seulement un temps de repos avant l’accouchement : c’est aussi l’occasion idéale pour préparer en douceur l’après-naissance.
Anticiper le post-partum
L’idée est de vous organiser un peu en amont de la naissance, pour alléger la charge mentale de la jeune mère que vous serez dans quelques semaines, au retour de la maternité.
Vous pouvez par exemple d’ores et déjà préparer des repas simples et nourrissants à mettre au congélateur pour vous faciliter la vie après l’accouchement (et faire le plein d’épicerie) : vous aurez besoin d’énergie au retour à la maison, mais peu de temps à consacrer à l’élaboration de repas complets.
Renseignez-vous sur tout ce qui peut alléger votre quotidien : livraison de courses à domicile, prestations de ménage, application de santé pour répondre à vos questions en un clin d’œil. Ah, vous êtes au bon endroit !
Mettre en place des « échéances de bonheur »
Si possible, prévoyez de belles activités pour le futur. Des vacances ou des activités en perspective auront l’effet de vous stimuler. Que ce soit en famille, en couple ou entre amis, l’idée de bientôt sortir de votre routine vous donne un objectif clair et peut vous donner de la motivation !
Du temps en cadeau de naissance
Il est d’usage de créer une liste de naissance. Très utile, cette dernière a pour but de donner l’opportunité à vos proches de vous aider financièrement à préparer l’arrivée de votre bébé. Cette liste inclut toutes les choses essentielles pour votre bébé comme la poussette ou des vêtements.
Mais vous pouvez également demander à vos proches de vous offrir du temps. À travers une cagnotte pour des prestations de ménage ou de baby-sittings par exemple ou tout simplement en leur demandant des services en venant vous rendre visite tels que :
- cuisiner leur meilleur plat pour vos repas à venir,
- étendre une machine de linge, ranger une pile de vaisselle, descendre les poubelles,
- porter votre bébé 20 minutes afin de vous laisser le temps de prendre une bonne douche sans stresser,
- garder votre bébé 1h, ou plus si affinités, pour une sieste précieuse qui va pallier à votre manque de sommeil.
Le post-partum : le moment de former un duo solide avec votre conjoint.e
Si vous le pouvez, essayez d’aborder d’aborder ce sujet dès le début de la grossesse, vous formez une équipe pour accueillir ce bébé et chacun occupe une place prépondérante dans son arrivée et ce qu’elle implique au quotidien. Vous allez vivre cette expérience dans votre corps et la période du post-partum constitue encore une grande mobilisation d’énergie pour vous remettre de ces mois de grossesse, de l’accouchement, et quand vous l’avez choisi, de l’allaitement maternel.
Il reste assez peu de ressources pour l’intendance et la charge mentale inhérente au quotidien. C’est là que votre partenaire peut prendre toute sa place et qu’une organisation sur le long terme peut naître (pas seulement pendant le congé paternité, qui reste encore trop court).
Conseil 2 : s’entourer des meilleurs pour un post-partum épanoui
On entend souvent dire qu’il “faut tout un village pour élever un enfant”. En effet, dans beaucoup de cultures, on vit encore tous ensemble sous le même toit ou en village, la jeune maman est très entourée et on ne la laisse pas s’occuper d’autre chose que d’elle-même et de l’allaitement de son enfant (et c’est déjà un sacré travail en soi !). C’est ce village qu’il s’agit de recréer : parents, frères et sœurs, tantes, ami(e)s, voisins, collègues … entourez vous de personnes de confiance sur lesquelles vous pouvez vous appuyer après avoir accouché. Mobilisez-les pour prendre soin de vous.
Vous avez un aîné qui trépigne ? Confiez-le aussi, qu’il puisse continuer des activités qui l’épanouissent de son côté, ou au contraire confiez votre nouveau-né pour vous consacrer au grand.
Conseil 3 : se créer un gang d’amies-mères : quand la sororité rompt l’isolement lié au post-partum
Utilisez les outils d’aujourd’hui
Un groupe Whatsapp de copines-mamans qui viennent juste d’accoucher, ça peut aider ! Sans jugement, pour se soutenir même en pleine nuit malgré la distance et se donner des conseils pratiques précieux. Posez vos maux, ensemble et trouvez des solutions ou des encouragements auprès de celles qui peuvent éprouver les mêmes émois d’après grossesse que vous. Ne vous comparez jamais, soutenez-vous ! Dans ces moments-là, la sororité procure un bien fou et redonne confiance en la mère que vous êtes.
Au-delà de ce groupe virtuel
Organisez-vous des journées avec vos enfants pour vous sentir moins seule quand le quotidien vous pèse. Vous pouvez aussi prévoir des moments sans eux quand vous vous sentirez prêtes, vous n’êtes pas seulement mères. Encouragez-vous chacune à prévoir d’autres activités ensemble.
Mettez-les à contribution pour vous pousser en dehors d’une routine postnatale qui vous pèserait : repérez une activité physique, un rituel bien-être, un rendez-vous régulier à mettre en place pour vous réserver du temps personnel… Elles seront chargées de vous rappeler que demain soir, vous avez rendez-vous avec vous-même par exemple ! Ça rend la chose plus concrète et aussi importante que ce qui mobilise habituellement votre esprit.
Pour rencontrer des femmes qui sont elles aussi dans ce moment de vie, n’hésitez pas à regarder autour de vous s’il existe des “café parents” (il en existe de plus en plus!) ou d’autres lieux qui accueillent les nouveaux parents.
Conseil 4 : vos collègues peuvent être vos allié·e·s
La reprise du travail après un congé maternité peut être source de stress. Avant la reprise du travail, n’hésitez pas à solliciter les collègues en lesquel.le.s vous avez confiance pour préparer un peu votre retour : l’anticipation peut chasser un peu d’appréhension. Vous souhaitez poursuivre l’allaitement et l’une d’elle l’a mis en place sur votre lieu de travail avant vous ? Demandez-lui ses recommandations et conseils pratiques pour y arriver au mieux et ne rien regretter à la reprise.
Conseil 5 : se créer un réseau virtuel bienveillant
Sachez faire le tri des images enchanteresses postées par certaines femmes sur les réseaux sociaux. Elles véhiculent souvent une image de ce que “devrait être” la maternité. Ces images peuvent alimenter une culpabilité que vous éprouvez déjà, ou créer (ou accentuer) un sentiment d’auto dévalorisation… Les mères parfaites aux bébés qui dorment la nuit, sur fond d’intérieur impeccable : ça n’existe pas !
Plusieurs femmes commencent à libérer la parole à ce sujet et pourraient vous rassurer sur vos ressentis qui sont tous légitimes. De nombreux comptes Instagram et podcast sur le sujet peuvent vous constituer un réseau virtuel de mères dont les échos vous parlent et vous permettent de vous identifier. Et si malgré tout vous sentez que vous perdez pied, parlez sans culpabiliser.
Conseil 6 : penser à votre suivi médical après l’accouchement
Après la naissance, un rendez-vous médical est prévu autour de la 6ᵉ à la 8ᵉ semaine. Cet examen postnatal permet de s’assurer que votre cicatrisation se déroule correctement, que l’utérus a retrouvé sa place mais aussi de discuter de la contraception et de faire le point sur votre moral.
Cependant, si vous le désirez, le suivi post-partum ne s’arrête pas à cette consultation. En effet, vos besoins physiques, psychologiques et vos interrogations persistent bien après l’accouchement.
Les sages-femmes peuvent intervenir directement à domicile dans les jours qui suivent la naissance. Ces visites sont intégralement prises en charge par l’Assurance Maladie durant les 12 premiers jours, puis remboursées par les mutuelles par la suite. Elles offrent ainsi un suivi régulier et sur mesure.
D’autres professionnels peuvent aussi être sollicités : les centres de protection maternelle et infantile (PMI) pour un accompagnement global, les médecins généralistes ou les pédiatres pour la santé de la mère et de l’enfant, les infirmières puéricultrices et consultantes en lactation, ou encore les spécialistes de la santé mentale, essentiels si des difficultés psychologiques apparaissent.
Bon à savoir : la rééducation du périnée après l’accouchement est également d’une incroyable utilité. Elle permet de mieux connaître votre corps et de reprendre le contrôle sur une partie essentielle de votre anatomie. À la sortie de la maternité, 10 séances vous ont été prescrites, remboursées à 100 % par l’assurance maladie.
Conseil 7 : avancer pas à pas et s’accorder de la douceur
Le post-partum est une période de découverte, d’ajustement et parfois de désarroi. Vouloir aller trop vite ou “tout réussir” peut être une source de stress inutile. Il est essentiel de se donner le temps de s’apprivoiser mutuellement : vous, votre bébé, votre nouveau rôle, votre couple et votre nouvelle organisation de vie. Chaque jour apporte son lot de défis, mais aussi de petites victoires.
Se fixer des objectifs raisonnables aide à traverser cette période sans culpabilité. Plutôt que de chercher à cocher toutes les cases (ménage, repas équilibrés, vie sociale, couple épanoui, allaitement sans accroc…), il est parfois plus sage de se contenter de l’essentiel : vous reposer, nourrir votre bébé et maintenir un minimum de confort. Tout le reste peut attendre.
Dans ce cheminement, la tolérance mutuelle joue un rôle central. La fatigue, les émotions intenses et les bouleversements hormonaux peuvent tendre les relations au sein du couple ou de la famille. Rappelez-vous que chacun traverse à sa manière cette période d’adaptation. La bienveillance envers soi et envers l’autre permet de préserver le lien et de renforcer l’esprit d’équipe.
Ne sous-estimez pas non plus la puissance des petits bonheurs du quotidien : un sourire échangé avec votre bébé, une douche prise sans interruption, un café partagé avec une amie, quelques minutes de lecture ou de calme…
Avec vos proches et vos professionnel·le·s de santé à vos côtés, vous pouvez vivre une expérience très riche durant les mois après la naissance, voire les années, qui constituent votre intense post-partum. Mais n’oubliez jamais de vous faire confiance aussi, vous êtes pleine de ressources et capable de beaucoup : vous faites de votre mieux et c’est le plus important. Il n’y aura jamais de meilleure mère pour votre enfant que vous.
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