Comment reconnaître et affronter une dépression post-partum tardive ?

Rédigé par Pierre Kadlub
Mis à jour le 20 novembre 2025
Dépression post-partum
6 minutes

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La dépression du post-partum est un sujet encore trop méconnu, difficile à appréhender et à reconnaître. Les difficultés d’acceptation du nouveau statut de parent, les changements physiques et psychologiques, la fatigue, la chute des hormones, les tourbillons d’émotions… 

Dépression post-partum tardive : on fait le point.

Qu’est-ce que la dépression post-partum tardive ?

Le post-partum, d’un point de vue strictement médical, correspond à la période allant de la fin de l’accouchement jusqu’au retour de couches. Mais la réalité est toute autre et la durée des effets du post-partum varie entre chaque femme.

 Après la naissance, les transformations physiques, hormonales et émotionnelles peuvent fragiliser l’équilibre psychique, rendant certaines mères plus vulnérables. On parle alors dans certains cas de dépression post-partum tardive

Quels sont les symptômes de la dépression post-partum tardive ?

Selon l’Assurance Maladie, entre 10 et 20 % des femmes développent une dépression post-partum dans les semaines suivant la naissance de leur enfant. Néanmoins, celle-ci peut être diagnostiquée longtemps après, au cours de la première année. Elle est, dans ce cas, définie comme tardive. Le plus souvent, elle se manifeste par de l’anxiété, une diminution de l’intérêt et du plaisir, une perte de poids et d’appétit, des troubles du sommeil, de la culpabilité, une hyperactivité ou au contraire l’impression d’être au ralenti et dans certains cas des pensées noires.

La dépression post-partum s’explique par le chamboulement physique et psychologique provoqué par l’arrivée d’un nouveau-né. Il est important d’être bien entourée lors de cette période et de bien se reposer. La durée de cette dépression est variable. Elle peut durer de quelques semaines à plusieurs mois, voire plus d’un an si elle n’est pas prise en charge.

Si vous souffrez de plusieurs des symptômes cités ci-dessus, n’hésitez pas à consulter un.e professionnel.le de santé afin d’obtenir un diagnostic et de l’aide.

Comment évaluer la dépression post-partum ? 

L’éventuel diagnostic d’une dépression post-partum ne peut être posé que par un·e professionnel·le de santé. Néanmoins, un test fait consensus : l’Edinburgh Postnatal Depression Scale (EPDS), créé par Cox, Holden & Sagovsky en 1987. L’EPDS a été validé dans sa version française par N. Guedeney et J. Fermanian en 1998.

Il s’agit d’un auto-questionnaire composé de 10 questions visant à pré-évaluer le niveau de difficulté maternelle ressenti. 5 questions concernent l’humeur, 2 concernent l’anxiété et 3 la culpabilité et la difficulté. Pour chacune d’elles, 4 réponses sont proposées, cotées de 0 à 3, pour un score final sur 30.

Le test prend seulement 5 minutes pour être réalisé ! C’est l’avantage de ce test par rapport à d’autres. L’EPDS est validé pour être passé à partir de la 4ᵉ semaine de post-partum mais peut-être utilisé un peu plus tôt. Il est conseillé de refaire le test tous les deux mois en prévention. Si jamais le score n’est pas bon, commencez par en parler à une sage-femme ou un·e médecin généraliste.

Plus le score est élevé, plus on peut estimer que le niveau de dépression est élevé, même s’il ne s’agit pas d’un test diagnostic. Selon les professionnel·le·s, on peut estimer que vous avez besoin d’une aide psychologique à partir d’un score de 13/30.

Il constitue un élément parmi d’autres qui vous permettent de faire le point sur votre ressenti mais il est important de rappeler qu’en cas de symptômes de dépression post-partum tardif, seul·e un·e professionnel·le de santé peut vous aider à poser un diagnostic et définir ce qu’il est pertinent de mettre en place ou non.

Vous pouvez répondre au questionnaire EPDS sur ce lien.

Bon à savoir : depuis le 1er juillet 2022, selon l’article L2122-1 un entretien postnatal obligatoire doit avoir lieu entre la 4ᵉ et la 8ᵉ semaine après l’accouchement, réalisé par un·e médecin ou une sage-femme. Il vise, dans une démarche de prévention globale, à détecter les premiers signes ou les facteurs de risque de dépression du post-partum et à identifier vos besoins d’accompagnement ou ceux du co-parent.

Un second entretien peut être proposé entre la 10ᵉ et la 14ᵉ semaine, notamment pour les femmes ayant eu leur premier enfant ou présentant des signes ou facteurs de risque de dépression postnatale.

Si vous avez des questions à ce sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sage-femmes vous répond 7j/ 7 de 8h à 22h.

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Quelles sont les différences entre la dépression post-partum tardive et le baby blues ?

Près de 80% des mères expérimentent le baby blues après l’accouchement. Le baby blues est un passage normal. Il dure généralement 4 à 5 jours, au grand maximum une quinzaine de jours, et s’explique par la chute des hormones de grossesse. Fatigue, troubles de l’humeur, tristesse, etc. Le baby blues doit être passager et il n’y a pas de remède miracle pour y remédier. Bien vous reposer et bien vous entourer vous aideront normalement à rapidement aller mieux.

La dépression post-partum, qu’elle soit tardive ou non, quant à elle, est beaucoup plus complexe et grave que le baby blues. Elle n’est pas facile à diagnostiquer. Les symptômes de la dépression post-partum peuvent être similaires à ceux du baby blues, sauf qu’ils durent beaucoup plus longtemps. Entre épuisement, pleurs et déprime constante : votre santé mentale est plus qu’affectée.

Le mal-être de la mère est souvent minimisé lors du post-partum, par elle-même ou son entourage. Sachez que vos émotions sont légitimes et vous ne devez pas vous sentir coupable de ressentir ce que vous ressentez. Restez entourée et n’hésitez pas à vous confier. Amis, famille et co-parent peuvent être d’un grand soutien pour vous.

À noter : si vous avez des idées noires, consultez urgemment un·e professionnel·le de santé !

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Facteurs de vulnérabilité et signes d’alerte de la dépression post-partum

Si vous avez déjà connu un épisode dépressif ou bénéficié d’un accompagnement psychologique, il est vivement conseillé de poursuivre ou de reprendre ce suivi pendant votre grossesse. Il constituera un véritable soutien pour votre équilibre émotionnel et mental.

Si votre grossesse s’est déroulée dans un contexte particulièrement éprouvant, par exemple à cause de difficultés de conception, d’hospitalisation, de deuil ou si votre accouchement a été difficile ou éloigné de ce que vous aviez imaginé (césarienne en urgence, hémorragie, douleurs intenses, etc.), entourez vous dès le départ d’une équipe de confiance (proches et professionnel·le·s). Ils pourront vous aider à repérer précocement les signes d’un mal-être qui dépasse la simple fatigue ou le baby blues.

Soyez particulièrement vigilante si vous ressentez les symptômes décrits plus haut de manière intense et persistante. Il existe une forme plus sévère de dépression post-partum, dite « mélancolique », caractérisée par une culpabilité extrême, des insomnies marquées, une perte de poids importante, une grande lassitude, une souffrance psychique intense, une forte dévalorisation de soi et le sentiment de ne jamais aller mieux. Une indifférence envers votre entourage, et surtout envers votre nouveau-né, doit être considérée comme un signal d’alerte majeur nécessitant une aide rapide.

Il est absolument nécessaire de rechercher le plus vite possible les symptômes de dépression du post-partum afin de rapidement commencer un suivi. Selon l’Enquête nationale périnatale (ENP 2021), environ une femme sur vingt présente des pensées suicidaires deux mois après son accouchement. Ce chiffre est absolument à prendre au sérieux, le suicide étant la 2ème cause de mortalité en post-partum.

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Comment surmonter une dépression post-partum tardive ?

Pour surmonter une dépression post-partum tardive, n’hésitez pas à vous faire suivre par votre médecin, votre sage-femme ou un.e psychologue. Partagez-lui vos sentiments, ressentis et vos inquiétudes sans peur du jugement. Le·a professionnel·le de santé est là pour vous épauler et vous guider.

Pourquoi ne pas effectuer une psychothérapie afin de vous livrer ? Le psychiatre peut vous prescrire un traitement adapté, notamment des antidépresseurs, si jugé nécessaire (NB : certains antidépresseurs sont compatibles avec l’allaitement !). Sans oublier votre entourage bien sûr qui peut s’avérer être d’une grande aide pour surmonter votre dépression post-partum. 

Si vous avez la chance d’avoir cette ressource, n’hésitez pas à les mobiliser pour s’occuper de votre bébé pendant quelques heures pour que vous puissiez dormir, vous doucher ou effectuer une activité seule. N’oubliez pas de prendre du temps pour vous, cela vous permettra de vous détacher de votre rôle de mère le temps d’un instant.

Bon à savoir : il existe des psychologues conventionné·e·s avec l’Assurance Maladie et partenaires du dispositif “Mon soutien psy” proposant 12 séances au tarif unique de 50 € (pris en charge à 100% : 60% assurance maladie, 40% assurance complémentaire). Un arrêt maladie ou un aménagement professionnel peuvent être envisagés pour permettre un vrai repos et favoriser la guérison.

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Le co-parent est-il aussi concerné par la dépression post-partum ?

Le co-parent est  aussi concerné par la dépression post-partum tardive. Que ce soit de manière individuelle, conjugale ou familiale, vous n’êtes pas la seule à devoir trouver vos marques. Pour autant, c’est encore un sujet très tabou et peu évoqué. Les langues se délient peu à peu autour de la dépression post-partum maternelle mais pas vraiment autour de la dépression post-partum du co-parent. Notamment car elle n’est pas facile à détecter et que le co-parent  n’ose pas en parler. 

En général, la dépression post-partum du co-parent se manifeste par des symptômes un peu différents de ceux de la mère : évitement du bébé, irritabilité ou encore crises de colère.

Comme pour vous, le co-parent fait face aux pleurs de votre bébé et réalise que la vie de ce bébé dépend de sa présence. La peur peut s’installer et prendre le dessus. Ces pensées négatives couplées à une grande fatigue peuvent bouleverser son équilibre psychologique.

Malheureusement dans le cas des pères, les hommes sont moins amenés à consulter un·e psychologue alors qu’ils en auraient besoin. Nous encourageons pourtant vivement les pères à le faire si besoin. Parler de ce qu’ils ressentent est une première étape essentielle pour aller mieux et amorcer un véritable processus de guérison.

Qu’il s’agisse d’une dépression post-partum de la mère ou du co-parent, elles doivent toutes deux être prises en compte.

La dépression post-partum tardive reste encore aujourd’hui un sujet tabou, souvent confondu avec la simple fatigue ou le baby blues. Pourtant, il s’agit d’un trouble réel pouvant impacter profondément votre bien-être et celui de votre famille.

Reconnaître les signes est une première étape essentielle vers la guérison. Il est nécessaire de consulter un·e professionnel·le de santé, d’en parler à votre entourage et d’oser demander de l’aide.

Une fois votre dépression post-partum tardive diagnostiquée, il est important qu’elle soit prise en charge rapidement. Surtout, ne gardez pas vos souffrances pour vous, parlez en. Briser le silence autour de la dépression post-partum tardive, c’est permettre à chaque parent de se reconstruire et de vivre pleinement.

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Crédits photos : drazenphoto | Image-Source | Johnstocker | JuiceFlair | Alexandrabeganskaya


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