
L’alimentation est un élément clé lors de la grossesse alors, bien évidemment, les questions fusent ! Quels sont les aliments interdits ? Quels sont ceux qu’il vaut mieux éviter ? Est-ce que certains aliments peuvent représenter un danger pour le fœtus ? Quels sont les risques à court et long terme ?
Les aliments interdits pendant la grossesse : on vous dit tout !
Pourquoi certains aliments sont interdits pendant la grossesse ? Quels sont les risques pour vous et votre bébé ?
Si certains aliments sont interdits lors de la grossesse, c’est parce qu’ils comportent des risques bactériologiques ou parasitaires pour le fœtus. On compte trois grandes catégories d’infections alimentaires.
La toxoplasmose
La toxoplasmose est une infection causée par un parasite. Elle est souvent asymptomatique pour une femme enceinte. De ce fait, cette dernière ne sait généralement pas lorsqu’elle l’attrape.
A noter : Si vous avez déjà été exposée à la toxoplasmose dans votre vie, vous êtes immunisée et vous ne pouvez pas l’attraper à nouveau. Cette information peut être connue grâce à une prise de sang.
La toxoplasmose n’est pas contagieuse entre les humains. Vous pouvez l’attraper en mangeant des crudités ou fruits mal lavés, de la viande crue ou peu cuite d’un animal contaminé (le porc et le bœuf sont les viandes les plus à risque) ou en étant au contact direct des excréments d’un chat contaminé.
La toxoplasmose fait partie des maladies infectieuses à éviter car elle a la capacité de traverser la barrière placentaire. Si le fœtus est lui aussi infecté, on parle de toxoplasmose congénitale. Elle peut entraîner un déficit visuel mais également des anomalies du développement du cerveau, un retard psychomoteur ou un accouchement prématuré dans les cas les plus graves.
La listériose
La listériose est une maladie liée à la bactérie appelée listéria. Elle est très répandue dans les maisons et les frigos (elle résiste très bien au froid) et a une grande capacité à coloniser les aliments. Le meilleur moyen de ne pas la contracter est d’éviter de consommer des aliments ayant un risque particulièrement élevé, c’est-à-dire, les aliments crus d’origine animale (oeuf, poisson, viande).
La listériose comporte des risques de fausses couches, d’accouchement prématuré ou d’infections fœtales ou néonatales graves. C’est pourquoi votre régime alimentaire est aussi surveillé et qu’il comporte tant d’interdits.
La salmonellose
La salmonellose est une infection bactérienne (provoquée par la une bactérie, la salmonella). La salmonella est présente dans l’intestin des animaux et est transmise à l’homme par le biais d’aliments contaminés.
La salmonellose est responsable de gastro-entérites aiguë c’est-à-dire de fièvre, diarrhée, vomissements, douleurs abdominales. Les symptômes de la salmonellose se manifestent environ 12 à 36 heures après l’ingestion de l’aliment contaminé et durent environ 3 jours à 7 jours. Elle représente donc un risque important de déshydratation pour vous en tant que femme enceinte.
Dans de rares cas, la mère contaminée par l’infection peut transmettre la maladie au fœtus.
Les mesures d’hygiène pour éviter ces infections alimentaires
Des consignes simples peuvent vous permettre d’éviter ces infections. Il est tout d’abord important de se laver fréquemment les mains, notamment avant de préparer les repas ou après tout contact avec de la terre ou des animaux.
Pensez également à nettoyer soigneusement les ustensiles de cuisine, les surfaces de travail ainsi que l’intérieur du réfrigérateur. Pour éviter les contaminations croisées, veillez à bien séparer les aliments crus des aliments cuits. N’oubliez pas non plus de laver soigneusement vos fruits et légumes avant de les consommer, particulièrement s’ils sont consommés crus.
Quels sont les aliments interdits pendant la grossesse ?
En plus de ces mesures d’hygiène, afin d’éviter des risques d’infection bactériologique (pour vous comme pour votre fœtus), plusieurs aliments sont malheureusement soumis à une interdiction lors de la grossesse. Et, disons-le tout de suite, la liste est loin d’être courte !
Une fois la grossesse diagnostiquée, votre professionnel·le de santé vous transmettra une liste complète des interdictions alimentaires de ces 9 prochains mois. Un sacré défi, on vous l’accorde. Le bon côté, c’est que cette abstinence forcée peut être l’occasion de tester de nouvelles recettes et/ou de reprendre de bonnes habitudes alimentaires.
On vous présente ici les principaux aliments qu’il faudra malheureusement bannir de vos menus (attention, il s’agit bien d’une liste non exhaustive).
Mais avant ça ! N’hésitez pas à jeter un œil sur l’application May, dans notre outil “Enceinte, est-ce que je peux”, supervisé par Anna Roy (sage-femme et auteure de nombreux livres sur la grossesse). Vous pourrez y retrouver les dernières recommandations concernant les aliments, les boissons et même les produits cosmétiques autorisés ou interdits pendant la grossesse.
La charcuterie
Ah, la charcuterie ! On aimerait vous dire qu’elle est autorisée, et pourtant… C’est la première déception de la liste. En effet, la charcuterie est fortement déconseillée : elle vous expose, le bébé et vous, à des risques de toxoplasmose et de listériose. Au revoir donc jambons crus ou fumés, saucissons, rillettes, pâtés, bacon, foie gras, mousse de canard et autres habitués de la table d’apéritif.
La viande
La consommation de viande crue, fumée ou peu cuite est fortement déconseillée pendant la grossesse. Ces viandes sont susceptibles de contenir des bactéries à l’origine de la toxoplasmose : donc pas de tartare de bœuf, ni de carpaccio ou de viandes à la coupe.
En revanche, vous pouvez manger presque toutes les viandes, si elles sont bien cuites. En théorie, une cuisson à 68°C à cœur suffit à tuer toutes les bactéries. En pratique, sachez que la couleur de votre viande à cœur doit être beige pour les viandes rouges (bœuf, agneau, porc, lardons, saucisses, gibier, boudins, abats) ou blanche (veau, volaille, lapin) ! De manière générale il vaut mieux cuire soigneusement tous les aliments crus d’origine animale (viandes, oeufs, poissons)
Attention cependant : le foie est déconseillé pour une femme enceinte, consommé en grande quantité. En effet, il contient beaucoup de vitamine A. Cette dernière peut être nocive pour le fœtus, surtout si vous en consommez souvent.
Les œufs crus non pasteurisés
Pour ce qui est des œufs, tout est une question de cuisson. Les œufs crus non pasteurisés sont susceptibles de contenir la bactérie à l’origine de la salmonellose ou de la listériose.
Les œufs crus sont donc à proscrire, comme toutes les recettes qui en contiennent. On pense à la pâte crue, à la mayonnaise faite maison, les œufs mollets ou pochés, la mousse au chocolat maison, les omelettes baveuses, le tiramisu, la crème caramel, la béarnaise maison, la sauce aïoli, île flottante, etc.
En revanche, vous avez droit aux œufs bien cuits : aux œufs durs, aux omelettes ou œufs brouillés bien cuits, aux quiches, aux gâteaux à base d’œufs s’ils sont bien cuits au four… Oh ! Et le meilleur pour la fin : la plupart des produits industriels sont faits à partir d’œufs pasteurisés, vous pouvez y aller les yeux fermés !
Les graines et pousses germées crues
Là encore, c’est non ! Pour les adeptes de graines de soja germées, de luzerne, de pousses de trèfles, radis ou haricots mungo, il faudra malheureusement attendre quelques mois. Il existe effectivement un risque de listériose.
Les poissons crus / fumés
Il est l’heure d’entamer la difficile question du poisson enceinte. Difficile parce que la réponse s’apparente à quelque chose comme : “oui et non, enfin, ça dépend”. Concrètement :
- Le poisson cru : fortement déconseillé à cause des risques de listériose. Le surimi, tartare de saumon ou tartare de thon, les sushis, le thon cru et autres attendront.
- Le poisson fumé : là encore, il est déconseillé de manger du poisson fumé enceinte, pour les mêmes raisons que le poisson cru. Fumer un poisson n’équivaut pas à le cuire (minimum 65°C pour une cuisson efficace) : au revoir donc saumon fumé !
- Les œufs de poissons : étant consommés crus, là encore, c’est un triste veto pour les œufs de lump et le tarama.
- Certains poissons sont susceptibles de contenir du mercure. Il est déjà déconseillé d’en consommer trop souvent en temps normal alors enceinte… Sont concernés (entre-autres) : le requin, l’espadon, le marlin, le lamproie, le barbeau, la silure… Retrouvez la liste complète sur l’ANSES.
Coquillages et crustacés
Comme pour les œufs, avec les coquillages et les crustacés, tout dépend de la cuisson. Crevettes, crabes, langoustes, palourdes, huîtres, moules… : si la chair est bien cuite donc bien blanche, alors elle peut être consommée par une femme enceinte. En revanche, crus ou en ceviche : c’est déconseillé, encore une fois à cause des potentielles bactéries.
Certains fromages
Nous n’allions tout de même pas faire l’impasse sur un élément aussi important sur la table de bien des français·e·s. Alors… Est-ce qu’on peut oui ou non manger du fromage enceinte ? La réponse est oui ! En tout cas pour certains. Pour résumer :
- Les fromages à base de lait pasteurisés : le fromage frais aux herbes (type Boursin), la fêta, le fromage de chèvre sans croûte fleurie, le mascarpone, la mozzarella pasteurisée, le fromage à tartiner (type Kiri ou ricotta)… c’est oui !
- Les fromages à pâte dure (affinés d’au moins 6 mois) sont également autorisés (comté, cheddar, edam, emmental, gouda, gruyère, parmesan, pecorino, provolone, manchego, tomme…).
En revanche, sont interdits :
- Les fromages au lait cru : brie de Meaux, beaufort, camembert (au lait cru), Saint-Nectaire, reblochon, chaume, chèvre au lait cru, coulommiers, emmental au lait cru, Pont l’Evêque, crottin de Chavignol, maroilles, vacherin fribourgeois, Mont d’Or…
- Les fromages à pâte molle à croûte fleurie : brillât savarin, brique de chèvre, de brebis, ou caprice des dieux …
- Les fromages à pâte persillée : bleu d’Auvergne, fourme d’Ambert, gorgonzola, roquefort, Stilton…
Et voilà ! Vous avez déjà un bon aperçu de la liste d’interdits alimentaires enceinte. N’hésitez pas à consulter votre professionnel·le de santé ou un·e nutritionniste pour qu’il ou elle vous aide dans la mise en place de ce tout nouveau régime alimentaire.
Et si vous avez d’autres questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de médecin et de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Bon à savoir : la règle est la même pour les autres produits laitiers. Tous les produits laitiers à base de lait pasteurisé (yaourts, faisselles, crème fraîche, fromage blanc…) sont autorisés pendant la grossesse. En revanche, ceux à base de lait cru sont eux, fortement déconseillés.
L’alcool pendant la grossesse
Pendant la grossesse, la consigne des professionnels de santé est claire : zéro alcool. Et ce n’est pas sans raison. Sa consommation peut entraîner : fausse couche, accouchement prématuré, malformations, retard de croissance, troubles du comportement ou encore retard intellectuel.
L’alcool passe directement de votre sang à celui du fœtus : leur taux d’alcoolémie est identique, or le foie du bébé est incapable d’éliminer l’alcool. De plus, aucun seuil de consommation « sans risque » n’a été scientifiquement établi : les effets varient selon la dose, le moment de la grossesse, la sensibilité du fœtus et votre propre métabolisme.
Le principe de précaution s’impose donc : zéro alcool pendant toute la grossesse.
Les aliments à consommer avec modération pendant la grossesse
Sans être interdits, certains aliments sont à consommer avec modération pendant la grossesse.
La nourriture épicée
Il n’y a aucune contre indication en ce qui concerne les produits épicés ! C’est à vous de voir. Alors, bien sûr, cela ne veut pas dire que vous devez tenter de vous inscrire à un concours de mangeurs de piments, mais un petit chili de temps à autre ne vous fera pas de mal.
Gardez simplement à l’esprit que vous avez probablement l’estomac plus sensible que d’habitude donc diminuez peut-être un peu la dose par rapport à d’habitude.
Les sucreries
Alors oui, enceinte, il peut nous prendre des envies de bonbons, de chocolat, de sucettes, de soda (cola, limonade…), etc. Eh bien bonne nouvelle : tout cela est autorisé mais dans la limite du raisonnable.
En effet, une consommation excessive de sucre risque d’entraîner une prise importante de poids, ou encore un diabète gestationnel qui peut avoir des conséquences sur la grossesse. Heureusement, votre suivi de grossesse comprend un dépistage ciblé qui permet de repérer cette pathologie.
Le miel
On entend souvent dire que le miel est déconseillé aux femmes enceintes… Mais non ! Vous pouvez tout à fait manger du miel durant votre grossesse. Si la rumeur s’est répandue, c’est parce que, oui, le miel contient une bactérie qui peut provoquer le botulisme.
Or, passé l’âge d’un an, l’intestin contient lui aussi des bactéries, qui protègent le corps de cette toxine. C’est donc une recommandation pour les bébés, mais pas du tout pour les adultes ! Le miel a cependant une forte teneur en sucre, impliquant donc de rester raisonnable dans votre consommation.
Le café et le thé
Les autorités de santé, comme le CRAT ou l’OMS, recommandent de ne pas dépasser 300 mg de caféine par jour, soit environ 2 tasses de café. Mais attention : la caféine est aussi présente dans le thé, le chocolat, les sodas ou les boissons énergisantes, donc il faut tenir compte de l’ensemble de ces sources de caféine dans votre consommation quotidienne.
Il est important d’en consommer avec modération. Vous pouvez vous tourner vers des alternatives comme du décaféiné ou de la tisane.
Le soja
Le soja fait souvent débat, notamment à cause de sa teneur en isoflavones, aussi appelées phyto-œstrogènes. Par précaution, les autorités sanitaires françaises recommandent de ne pas en consommer pendant la grossesse (ou moins d’un produit par mois). A savoir que la sauce soja peut être consommée avec modération, car elle ne contient que très peu d’isoflavones.
Comment s’assurer d’avoir une alimentation saine et équilibrée pendant la grossesse sans consommer d’aliments interdits ?
Lors de la grossesse, beaucoup de futures mamans sont convaincues qu’il faut manger en plus grande quantité. Mais il faut distinguer les besoins nutritionnels (qui ne changent presque pas) des besoins énergétiques (qui sont en effet augmentés avec la grossesse) !
- Les besoins nutritionnels, c’est la quantité d’aliments bruts que l’on mange.
- Les besoins énergétiques, c’est la quantité de nutriments nécessaires à l’organisme.
Il ne s’agit donc pas de “manger pour deux” en doublant la portion de vos plats. Il s’agit surtout de d’augmenter progressivement vos apports énergétiques, en fonction de votre trimestre :
- 70 kcal au premier trimestre,
- 260 kcal au deuxième trimestre,
- 500 kcal au troisième trimestre.
Concrètement : il est recommandé d’adopter une alimentation équilibrée pour vous deux. Mais alors, comment faire ? Une alimentation équilibrée pendant la grossesse, c’est avant tout une alimentation qui respecte vos besoins.
Les besoins en lipides et en glucides n’augmentent pas lors de la grossesse, ils sont équivalents à vos besoins nutritionnels habituels.
- La famille des glucides est principalement composée de fruits, de sucres et de féculents. Pendant la grossesse, il est conseillé de consommer des féculents à chaque repas et d’en ajouter à une à deux collations dans la journée si vous le souhaitez.
En fin de grossesse, il est préférable de privilégier les céréales complètes ou semi-complètes et les légumineuses (lentilles, haricots secs, pois chiche…) car ce sont des aliments riches en fibres qui peuvent limiter l’apparition d’une constipation.
- Les lipides correspondent, quant à eux, aux matières grasses. Bien qu’ils soient très souvent diabolisés, ils sont indispensables pour vous et votre bébé. Les oméga 3 que l’on retrouve dans les poissons gras comme le thon ou le saumon sont essentiels au développement cognitif et moteur de votre enfant. Pour couvrir ces besoins, n’hésitez pas à consommer des matières grasses d’origine végétale comme l’huile d’olive, de noix ou de colza.
Les protéines
Les besoins en protéines sont les seuls qui peuvent augmenter quantitativement pendant la grossesse car ils permettent de couvrir les apports nécessaires à l’allaitement et à la croissance du fœtus.
Les femmes enceintes ont besoin de protéines animales (viande, poisson, œufs, produits laitiers) ou végétales. Toutefois, souvenez-vous, la consommation de protéines crues, fumées ou marinées est contre-indiquée afin de limiter les risques bactériologiques tels que la listériose, la toxoplasmose ou la salmonellose.
Vitamines et minéraux
Les besoins en vitamines augmentent durant la grossesse. La vitamine C (retrouvée dans les fruits et légumes crus) et la vitamine D (présente dans les poissons gras et produits laitiers non écrémés), sont essentielles. Sachez qu’une supplémentation en vitamine D est systématiquement proposée à la fin du 2ème trimestre de grossesse par le·la professionnel·le de santé.
Les vitamines sont particulièrement importantes car ce sont elles qui permettent l’absorption du fer et du calcium : les deux minéraux indispensables lors de la grossesse. Pour couvrir vos besoins en fer, il est conseillé de consommer de la viande rouge, des œufs, du poisson et des légumes secs avec un filet de jus de citron. N’hésitez pas à consommer 3 produits laitiers par jour mais aussi des amandes ou des noix.
Ces interdictions alimentaires ne sont pas toujours évidentes, surtout quand vous réalisez que vous devez vous priver d’un aliment que vous affectionnez particulièrement ou que vous consommez régulièrement. Dites-vous que ce léger changement dans vos habitudes, c’est avant tout pour préserver votre santé et celle de votre bébé. Une fois l’accouchement terminé, à vous les fruits de mer, les crudités et les charcuteries !
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