La peur chez l’enfant : nos conseils

Rédigé par Pierre Kadlub
Mis à jour le 2 octobre 2025
Quotidien bébé
Eveil bébé
5 minutes

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Cauchemars, monstres sous le lit, peur du noir… La peur est fréquente chez l’enfant et peut parfois susciter un sentiment d’impuissance pour vous en tant que parents. Quelles sont les origines des différentes formes de peur chez l’enfant, comment les reconnaître et comment accompagner votre enfant ? 

La peur chez l’enfant : on fait le point.

Les origines de la peur chez l’enfant

Les peurs durant l’enfance, qu’elles soient liées à une crainte passagère ou à une anxiété plus marquée, sont des étapes naturelles du développement de votre enfant. Son cerveau est encore immature et l’émotionnel prend souvent le pas sur le rationnel.

Le développement de l’imaginaire

L’imaginaire de votre enfant est parfois débordant. Cette richesse intérieure explique l’apparition de nombreuses peurs dites “irrationnelles” : peur du noir, des monstres, du loup ou des sorcières. Ces peurs prennent racine dans :

  • L’incapacité à différencier le réel de l’imaginaire : votre enfant peut croire dur comme fer à l’existence de monstres sous le lit ou d’ombres menaçantes dans sa chambre. Son cerveau, encore en plein développement, ne lui permet pas toujours de rationaliser ces craintes.
  • La surinterprétation de sons ou de situations : un bruit dans la maison peut devenir, dans son esprit, la preuve d’une présence inquiétante.
  • La contagion émotionnelle : si un parent manifeste une peur (araignée, orage), l’enfant peut l’adopter par imitation. 

Face à ces peurs, il est important de ne pas minimiser ce que ressent votre enfant.

Les peurs liées à la séparation

Dès les premiers mois de vie, votre enfant découvre l’attachement et la dépendance à ses figures parentales. La prise de conscience de la séparation apparaît souvent entre 6 et 10 mois : il réalise que ses parents peuvent s’absenter, ce qui peut générer une crise de panique ou des pleurs.

Ces peurs sont naturelles. Elles témoignent de la construction de votre lien d’attachement. Toutefois, si la panique devient excessive, s’accompagne de troubles anxieux (refus d’aller à l’école ou à la crèche) ou si votre enfant souffre au point que cela perturbe sa vie quotidienne, il peut être utile d’en parler à un·e professionnel·le de santé, qui pourra vous proposer une thérapie adaptée ou des techniques de relaxation à mettre en place par exemple.

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Les différentes formes de peur chez l’enfant

La peur peut prendre différentes formes chez l’enfant, allant des peurs typiques, présentes chez la majorité des enfants, aux véritables phobies.

Les peurs typiques selon l’âge

La peur chez l’enfant évolue naturellement au fil de son développement :

  • De 0 à 12 mois, ses peurs sont principalement instinctives et physiologiques. Votre bébé peut craindre la séparation, les personnes inconnues ou encore les bruits forts, des réactions naturelles liées à son besoin de sécurité.
  • Entre 1 et 3 ans, ses peurs deviennent plus imaginatives et irrationnelles. Votre enfant peut avoir peur de l’obscurité, des monstres ou des orages, des angoisses souvent alimentées par son imagination en plein développement. Ces peurs peuvent se manifester par un refus de dormir seul ou par l’évitement de certaines pièces de la maison.
  • De 3 à 6 ans, les craintes se diversifient. Les enfants peuvent redouter les fantômes, certains animaux ou encore des personnages fictifs. Ces peurs sont souvent amplifiées par l’influence des histoires, des contes mais aussi par les émotions des personnes qui l’entourent car il réagit aux émotions exprimées par son entourage.
  • Entre 6 et 10 ans, les peurs deviennent plus rationnelles et liées à l’expérience. Il peut notamment craindre l’école, les évaluations, les blessures ou même les cambrioleurs, des inquiétudes qui reflètent une meilleure compréhension de la réalité.
  • Enfin, à la préadolescence, les peurs sont davantage sociales et anticipatrices. Le regard des autres, la peur de l’échec ou encore des maladies peuvent devenir des sources d’anxiété.

Les peurs liées à l’anxiété

Il peut être difficile de distinguer une peur normale d’une forme d’anxiété ou de troubles anxieux. La différence réside souvent dans l’intensité, la durée et l’impact sur la vie quotidienne de votre enfant. Les peurs classiques  :

  • sont passagères et évoluent avec l’âge,
  • s’expriment dans des situations précises (coucher, bruit, séparation), 
  • s’estompent avec le temps, la compréhension et votre présence en tant que parents.

Les peurs liées à de l’anxiété :

  • sont disproportionnées ou persistantes malgré votre accompagnement et votre présence,
  • s’accompagnent de réactions intenses : crises de panique, pleurs incontrôlables, évitement systématique de certaines situations (refus d’aller à l’école, de dormir seul).

Dans ce deuxième cas, il est recommandé de consulter un·e professionnel·le de santé afin de mettre en place un accompagnement adapté pour aider votre enfant. 

Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe d’infirmières puéricultrices et de pédiatres vous répond 7j/ 7 de 8h à 22h.

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Comment reconnaître une peur chez l’enfant ?

Reconnaître la peur chez votre enfant passe avant tout par l’observation de ses réactions physiques et comportementales. Contrairement à l’adulte, l’enfant exprime rarement sa crainte ou son angoisse par des mots précis ; il faut donc être attentif aux petits signaux qui révèlent un malaise ou une anxiété excessive.

Manifestations corporelles fréquentes :

  • tremblements ou agitation motrice (se tortiller, gigoter),
  • palpitations, respiration rapide ou saccadée,
  • sueurs, mains moites,
  • pâleur ou bouffées de chaleur,
  • maux de ventre, nausées, parfois vomissements.

Signes émotionnels et comportementaux :

  • pleurs, cris ou crise de panique,
  • recherche de réassurance constante, demande d’être pris dans les bras, refus de rester seul,
  • évitement de certaines situations ou lieux, refus d’aller au lit, de dormir seul, de rencontrer des inconnus,
  • difficultés d’endormissement, réveils nocturnes, cauchemars répétés
  • besoin fréquent d’objets rassurants comme son doudou ou sa veilleuse.

Il est important de ne pas minimiser ces réactions : pour votre enfant, la peur est bien réelle, même si elle peut paraître irrationnelle pour vous en tant qu’adulte.

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Comment accompagner et apaiser la peur chez l’enfant ?

Lorsque la peur s’exprime chez votre enfant, votre posture en tant que parent peut faire la différence. Voici les comportements à adopter pour apaiser votre enfant.

  • Écouter et accueillir l’émotion : laissez votre enfant exprimer ses peurs sans les minimiser ni les ridiculiser. Une phrase comme “Je comprends que tu aies peur” lui permet de se sentir entendu et respecté, même si la peur vous semble irrationnelle.  
  • Ne pas forcer l’exposition : Il n’est pas nécessaire de pousser votre enfant à affronter de front sa peur, par exemple, caresser un chien s’il en a peur. Laissez-le avancer à son rythme, en respectant ses limites.
  • Donner un sentiment de sécurité physique : un câlin, tenir la main ou simplement rester à ses côtés peut l’aider à se sentir soutenu, surtout lors d’une crise de panique. Si votre enfant refuse le contact, respectez son choix et proposez-lui une autre forme de réconfort.
  • Ne pas transmettre vos propres peurs : les enfants sont sensibles aux émotions qui les entourent. Essayez de maîtriser vos réactions face à vos propres peurs, pour éviter de renforcer la sienne.
  • Lui proposer des objets rassurants : proposez-lui une veilleuse ou un doudou pour l’accompagner dans ses peurs nocturnes.
  • S’aider de livres adaptés : lisez ensemble des histoires qui abordent la peur avec humour ou tendresse, comme un loup gentil ou un monstre rigolo. Cela aide l’enfant à dédramatiser et à prendre du recul. Evitez les contenus effrayants (contes avec des ogres ou dessins animés pour les plus grands) tant que possible.
  • Mettre en place des routines rassurantes : maintenir des rituels réguliers lors du coucher ou d’une séparation apporte à votre enfant des repères sécurisants, essentiels en cas d’angoisse excessive.

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La peur chez l’enfant : quand consulter un·e professionnel·le ?

Il est tout à fait naturel que votre enfant exprime des peurs comme des craintes passagères, la peur du noir ou des monstres, voire des moments d’angoisse lors de séparations. Cependant, il arrive que ces peurs prennent une ampleur particulière, deviennent sources de malaise, de panique ou entravent le quotidien de votre enfant. 

Dans ces situations, il est important de savoir à quel moment il est nécessaire de se tourner vers un·e professionnel·le, tel qu’un·e pédopsychiatre ou un·e psychologue.

Vous pouvez envisager une consultation lorsque :

  • Les peurs persistent au-delà de plusieurs semaines et semblent excessives ou démesurées par rapport à la situation vécue.
  • Votre enfant présente des troubles anxieux manifestes : il refuse catégoriquement certaines activités comme l’école, les sorties ou les moments de séparation ou s’isole de façon inhabituelle.
  • Ses réactions émotionnelles sont très intenses : crises de panique, pleurs incontrôlables, agitation ou à l’inverse, repli sur soi.
  • La peur s’accompagne de signes physiques récurrents : maux de ventre, nausées, troubles du sommeil, douleurs inexpliquées.
  • Vous constatez une souffrance psychologique : perte d’intérêt, tristesse, irritabilité, difficultés relationnelles ou scolaires.

Le·a professionnel pourra alors vous proposer une évaluation approfondie afin d’identifier s’il s’agit d’une anxiété généralisée, d’une phobie, ou d’un autre trouble anxieux. Selon la situation, une thérapie comportementale ou des séances de relaxation peuvent être envisagées. N’hésitez pas à solliciter un avis dès que vous sentez que votre enfant souffre et que ses peurs prennent le dessus sur son épanouissement.

En résumé, la peur est une étape normale du développement de l’enfant. Toutefois, il est important de rester attentif·ve·s à celles-ci si les craintes, angoisses ou comportements d’évitement deviennent excessifs et perturbent son quotidien. L’écoute et la bienveillance sont les premiers outils pour accompagner votre enfant dans la gestion de ses peurs et prévenir l’apparition de phobies ou de troubles anxieux. En cas de doute, n’hésitez pas à consulter. 

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Crédits photos : nastuffa | Prostock-studio | GroundPicture | LightFieldStudios


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