Comment expliquer et détecter un déni de grossesse ?

Psychologie grossesse
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La définition exacte du déni de grossesse et la façon dont il peut survenir dans la vie d’une femme sont des sujets encore très controversés au sein de la communauté scientifique et médicale.

Faisons le point sur ce qu’on sait, pour l’instant, du déni de grossesse ?.

Qu’est-ce que le déni de grossesse ?

Un déni de grossesse, c’est le fait pour une femme d’être enceinte mais de l’ignorer. On catégorise les dénis de grossesse en deux types : le déni partiel (qui prend fin avant le terme) et le déni total (qui se poursuit jusqu’à l’accouchement, voire après).

Attention, le déni de grossesse est différent d’une grossesse cachée. Lors d’une grossesse cachée, la femme a conscience d’être enceinte mais le cache à son entourage. Dans un déni de grossesse, la femme elle-même n’a pas conscience d’attendre un enfant.

Cela peut sembler improbable d’être enceinte et de ne pas s’en rendre compte tant les signes habituels d’une grossesse sont visibles : arrêt des règles, gonflement du ventre et de la poitrine… Pourtant, dans le cas d’un déni de grossesse, ces signes se font très discrets, voire invisibles.

Ainsi, des femmes enceinte mais souffrant d’un déni de grossesse ont pu avoir des saignements ressemblant aux règles, des douleurs au ventre prises pour des troubles digestifs et aucune modification corporelle visible, même chez des femmes sans surpoids !

Comment se manifeste le déni de grossesse ? Est-il détectable ?

C’est tout le problème d’un déni de grossesse : il ne se manifeste pas, ou très peu. Pourtant, la plupart des femmes tombent d’accord sur le fait que leur corps change, et pas qu’un peu, lors d’une grossesse. Chez les femmes qui vivent un déni de grossesse, ces signes sont minimes, ne se manifestent pas et/ou sont assimilés à des problèmes de santé :

  • La prise de poids est infime et/ou ignorée ou attribuée à une raison autre (le ventre ne s’arrondit pas ou peu car, au lieu de se placer dans la cavité amniotique, le fœtus se loge vers l’arrière du corps, au niveau de la colonne vertébrale),
  • Le cycle menstruel se poursuit (les premiers saignements de la grossesse sont pris pour des règles, certaines femmes enceintes et sous pilule continuent d’avoir des “hémorragies de privation” au moment de la pause de prise, il peut y avoir des saignements lors d’une grossesse etc.) ou bien l’aménorrhée est expliquée par une raison autre (ménopause, stress etc.),
  • Les nausées et les mouvements du fœtus sont confondus avec des problèmes digestifs etc.

Malgré tout, une grossesse (même en cas de déni), reste détectable par les tests classiques et visible à l’échographie. Là encore, le problème est que bien souvent une femme en plein déni de grossesse ne se demandera justement pas si elle est enceinte.

Une fois le déni levé, le corps change très vite et le ventre de la femme qui vient de découvrir tardivement sa grossesse peut notamment sortir en très peu de temps.

Quelles peuvent être les causes possibles du déni de grossesse ?

C’est un autre point sur lequel les professionnel·les de santé ne parviennent pas à définir de réponse définitive, certainement parce qu’il s’agit de causes multifactorielles, propres à chaque situation et difficiles à identifier.

Parmi les explications possibles des causes d’un déni de grossesse, on cite souvent des facteurs psychologiques. Pour certaines femmes, le refus d’être enceinte est si fort qu’il finirait par convaincre l’esprit.

Ce refus peut dans certains cas être causé par un rapport sexuel non consenti. Pour d’autres, c’est le fait de penser ne pas pouvoir tomber enceinte qui peut causer le déni : un stérilet, la prise régulière de pilule contraceptive, une stérilité diagnostiquée…

Même les femmes qui ont déjà des enfants peuvent faire un déni de grossesse. Il n’y a pas de profil prédisposé au déni de grossesse

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Peut-on avoir ses règles en étant enceinte en cas de déni de grossesse ?

Sur ce point également, on manque encore de renseignements. Une femme en plein déni de grossesse ira évidemment rarement consulter un médecin spécialisé, ce qui fait qu’il est difficile d’étudier exactement comment réagit le cycle menstruel d’une femme en plein déni de grossesse.

Beaucoup de femmes concernées affirment avoir eu leurs règles de façon régulière au cours de cette période. Mais (comme on l’a vu plus haut), faute d’examens, il reste difficile de dire s’il s’agit de règles réelles, de saignements liés à la grossesse ou bien encore de perturbations dues à la prise d’une contraception orale.

Pour rappel, il est possible de saigner lors de sa grossesse, mais il ne s’agit pas de règles. Voici les causes les plus fréquentes de saignements :

  • les saignements peuvent être bénins et d’origine inconnue, rien ne semble les expliquer,
  • un décollement trophoblastique : c’est le décollement partiel de l’œuf de la paroi de l’utérus. Certains se résorbent spontanément alors que d’autres s’aggravent.

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Quelles peuvent être les conséquences psychologiques du déni de grossesse ?

Découvrir sa grossesse du jour au lendemain peut être un choc, c’est évidemment d’autant plus vrai en cas de déni de grossesse.

Pour les femmes ayant vécu un déni partiel : elles doivent choisir en très peu de temps ce qu’elles veulent faire par rapport à cette grossesse. Ce sont des choix très difficiles à faire, dans un temps parfois très contraint selon le moment où le déni est découvert. Des options comme l’IVG peuvent être rayées de la liste si la découverte de la grossesse est trop tardive (possible jusqu’à 16 SA maximum). Lorsque un enfant naît à l’issue d’un déni de grossesse, la mère doit décider si elle le garde, le fait adopter, si elle accouche sous X, etc.

Pour les femmes ayant vécu un déni total : elles ont encore moins de temps pour faire des choix puisque le déni n’est révélé que le jour de l’accouchement. Elles pensaient avoir des crampes d’estomac mais sont en fait en train d’accoucher. Certaines vont à l’hôpital, poussées par la douleur des contractions ou la perte des eaux. D’autres peuvent se retrouver à accoucher en dehors de l’hôpital, ce qui représente un potentiel risque aussi bien pour la femme qui accouche que pour l’enfant à naître.

De façon générale, un déni de grossesse représente un choc psychologique majeur pour les femmes qui le subissent. Parfois, le choc est si grand qu’il peut mener à des actions graves, notamment envers le bébé.

Quels accompagnements après un déni de grossesse ?

Accompagnement médical :

Dans tous les cas, il est important qu’une femme ayant subit un déni de grossesse soit suivie par un·e professionnel·le de santé qui sera apte à établir un bilan psychologique et à mettre en place un accompagnement spécialisé. Cette aide peut être fournie directement par l’équipe soignante de l’hôpital (si le déni de grossesse est découvert suffisamment tôt pour que la grossesse soit suivie par un hôpital). Votre médecin traitant peut également vous mettre en contact avec une personne qualifiée : le tout est d’être accompagnée.

Accompagnement social :

Une femme qui aura fait le choix d’un accouchement sous X ou de mise en adoption peut revenir sur sa décision dans un délai de 2 mois, temps durant lequel l’enfant est confié à l’aide sociale à l’enfance (ASE). Lors de l’accouchement, aucune pièce d’identité ne lui est demandée, elle doit simplement signaler sa démarche à l’équipe médicale. Une femme qui accouche sous X peut réveler son identité à tout moment de sa vie et demander un accompagnement psychologique et social à l’ASE.

Être entourée de gens bienveillants :

En plus de l’accompagnement médical, il est conseillé de s’entourer de personnes bienveillantes avec qui il est possible de discuter sans tabou. Comme expliqué plus haut, un déni de grossesse peut être particulièrement choquant. Certaines femmes peuvent ressentir le besoin de partager leur expérience avec des personnes proches ou bien des personnes ayant vécu la même chose grâce à des groupes de parole par exemple

En résumé, le déni de grossesse est un phénomène psychique mystérieux dont on ignore encore beaucoup de choses. Une chose est sûre cependant, une femme touchée par ce phénomène doit être accompagnée et soutenue pour traverser au mieux cette épreuve.

Écrit par Sonia Monot avec les expert.e.s May.


Écrit par Equipe May . Publié le 24 October 2023
L'équipe May est un collectif de professionnel·les de santé et de rédacteurs·trices. Elle est notamment composée d'infirmières puéricultrices, de sages-femmes et de médecins.

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