
L’empathie est une compétence humaine précieuse, et chez l’enfant, elle commence à se développer dès les premières années de vie. Cette émotion englobe la capacité à ressentir ce que l’autre vit, à comprendre ses émotions et à adapter ses comportements en fonction de cette perception. C’est une forme d’intelligence émotionnelle qui s’apprend et se cultive progressivement durant l’enfance.
Comment aider son enfant à développer son empathie ? Faisons le point.
Comprendre l’empathie chez votre enfant
L’empathie chez votre enfant se manifeste très tôt et évolue au fil de son développement. On distingue principalement deux formes : l’empathie émotionnelle et l’empathie cognitive.
- L’empathie émotionnelle : il s’agit de la capacité, dès le plus jeune âge, à ressentir les émotions des autres. Par exemple, un enfant peut se mettre à pleurer en voyant un autre enfant triste. Cette réaction spontanée traduit un ressenti profond et une connexion affective naturelle. Les neurosciences montrent que l’ocytocine, l’« hormone du lien », joue un rôle clé en favorisant l’attachement et la générosité chez votre enfant, surtout lorsqu’il reçoit des gestes affectifs et bienveillants.
- L’empathie cognitive : vers 4 ou 5 ans, votre enfant développe la capacité de comprendre l’état d’esprit et le point de vue d’autrui, même si celui-ci diffère du sien. Il devient alors capable de prendre conscience que les autres peuvent penser ou ressentir autrement. Il peut alors commencer à anticiper leurs réactions. Cette évolution marque une étape importante de la psychologie de votre enfant en passant du simple ressenti à une compréhension plus globale et nuancée des émotions des autres.
Développer une aptitude empathique solide est essentiel au bien-être émotionnel et social de votre enfant. Les bénéfices à long terme sont nombreux :
- Des relations harmonieuses : un enfant empathique tisse plus facilement des liens affectifs et amicaux, car il comprend et respecte les ressentis des autres.
- La prévention de la violence : l’empathie réduit l’agressivité car votre enfant devient plus attentif aux conséquences de ses actes sur autrui.
- Une meilleure estime de soi : se sentir compris et capable de comprendre les autres renforce la confiance et la valorisation personnelle, un pilier du développement affectif.
Aider son enfant à développer son empathie : l’éducation
Apprendre à aider votre enfant à développer son empathie commence par l’accompagner dans la découverte et l’expression de ses propres émotions. Voici comment favoriser cette intelligence émotionnelle au quotidien.
Le rôle des parents
Adopter une attitude bienveillante au quotidien est la première clé pour aider votre enfant à développer son empathie. Faire preuve de bienveillance en tant que parent consiste à accueillir votre enfant tel qu’il est, à reconnaître ses émotions sans jugement et à éviter toute forme d’humiliation ou de menaces, qui peuvent nuire à son estime de soi. Quelques exemples d’attitudes empathiques à privilégier :
- Valider son ressenti : lorsque votre enfant pleure ou exprime de la colère, mettre des mots sur ce qu’il vit (« Je vois que tu es triste », « Tu sembles en colère ») lui montre que vous comprenez ses émotions.
- Réagir avec douceur : plutôt que de gronder ou de punir, adopter une voix calme et proposer un câlin, un mot réconfortant. Ces gestes favorisent la sécrétion d’ocytocine, renforçant ainsi le lien affectif et la capacité de votre enfant à ressentir de l’empathie pour autrui.
- Être un modèle empathique : montrer l’exemple en exprimant vos propres émotions, en expliquant vos réactions de façon adaptée, en faisant preuve de bienveillance avec ceux qui souffrent. Votre enfant apprend par imitation et développe ainsi une attitude empathique et positive.
- Encourager l’identification : posez-lui des questions sur les émotions des autres (« Comment crois-tu que ton copain s’est senti quand il est tombé ? »).
Il est conseillé d’éviter les menaces ou punitions, pouvant générer de la culpabilité ou de l’anxiété chez votre enfant. Les critiques qui touchent à la personne (« Tu es méchant ») plutôt qu’au comportement sont également à éviter.
Une éducation empathique ne signifie pas une absence de limites. Au contraire, un cadre sécurisant aide votre enfant à se sentir protégé et à mieux gérer ses propres réactions émotionnelles et cognitives. Voici quelques conseils pour allier empathie et cadre sécurisant :
- Exprimer la règle avec empathie : « Je comprends que tu sois fâché, mais il n’est pas possible de frapper. »
- Accueillir chaque émotion : toutes les émotions sont acceptables, mais certains gestes (violence, agressivité) ne le sont pas. Proposer une alternative : « Tu as le droit d’être en colère, viens t’asseoir près de moi pour en parler, ou reviens me voir quand tu es plus calme »
Les jeux et activités pour développer l’intelligence émotionnelle
Il existe des outils ludiques pour éduquer à l’expression du ressenti dès le plus jeune âge, favorisant l’empathie, l’estime de soi et la gestion des conflits. Quelques idées d’activités à intégrer dans la vie de tous les jours avec votre enfant
- La roue des émotions : inviter votre enfant à pointer l’émotion qu’il ressent (joie, colère, peur, tristesse, etc.). Cela l’aide à mettre des mots sur ce qu’il vit.
- Mimes et jeux de rôle : proposer à votre enfant d’imiter une émotion ou une situation (par exemple : « Fais comme si tu étais très en colère ! »). Cela stimule sa compréhension des réactions et développe l’empathie cognitive.
- Lecture partagée : lire des histoires où les personnages vivent diverses émotions et poser des questions : « Comment crois-tu que ce personnage se sent ? ». Ces moments renforcent sa capacité à identifier et comprendre les émotions des autres.
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Être un modèle d’empathie au quotidien
Votre enfant apprend avant tout par mimétisme : il observe et reproduit vos attitudes, vos paroles et votre gestion des émotions. Ainsi, cultiver une attitude empathique et bienveillante au quotidien est le meilleur moyen d’installer durablement cette aptitude chez votre enfant.
Pratiquer l’écoute active
L’écoute active est un formidable outil pour apprendre à votre enfant à comprendre les émotions des autres. Elle consiste à prêter pleinement attention à ce que votre enfant exprime, sans jugement ni interruption et à lui montrer que son ressenti est accueilli avec respect. Quelques conseils pour pratiquer l’écoute active :
- Vous mettre à la hauteur de votre enfant : vous accroupir, le regarder dans les yeux, adopter une posture ouverte.
- Reformuler ses paroles : répéter avec vos mots ce que vous comprenez (« Tu es triste parce que ton jouet est cassé, c’est ça ? ») afin de valider son affectif et l’aider à prendre conscience de ses émotions.
- Exprimer de l’empathie : montrer que vous comprenez ce qu’il vit (« Je comprends que tu sois déçu, c’est normal d’être en colère dans cette situation »).
- Accueillir sans minimiser : éviter les phrases du type « Ce n’est rien », qui peuvent générer de la culpabilité ou de l’anxiété. Préférer des paroles qui reconnaissent la réalité de son émotion.
Gérer vos propres émotions devant votre enfant
Être un modèle, c’est aussi partager ses ressentis et gérer ses émotions de façon adaptée devant votre enfant, sans masquer ni amplifier vos réactions. En verbalisant ce que vous ressentez, vous montrez à votre enfant comment gérer ses émotions et vous l’invitez à faire de même. Voici quelques conseils :
- Nommer vos émotions : dire simplement « Je suis un peu inquiet, mais ça va passer ». Cela dédramatise l’émotion et montre qu’elle fait partie de la vie.
- Expliquer vos réactions : si vous élevez la voix ou que vous vous sentez contrarié, expliquez-le calmement (« Je suis un peu stressé, ce n’est pas de ta faute, j’ai juste besoin de respirer »). Cela évite que votre enfant ne ressente de la culpabilité ou de l’anxiété injustifiée.
- Montrer comment se calmer : proposer des solutions concrètes (« Je vais prendre quelques minutes pour me calmer, tu veux respirer avec moi ? »). Ce type de comportement encourage votre enfant à développer ses propres outils de régulation émotionnelle.
- Accepter l’erreur et la réparer : si vous avez une réaction excessive, excusez-vous. Reconnaître ses erreurs est un acte d’empathie et de respect.
En résumé, aider votre enfant à développer son empathie passe par l’écoute et la valorisation de ses émotions au quotidien. En cultivant dès le plus jeune âge son aptitude à ressentir de l’empathie, vous l’aidez à mieux comprendre les émotions des autres.
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Crédits photos : mauriciotoro10 | ivanmorenosl