Lors d’un accouchement par voie basse, le périnée est fortement sollicité et peut subir différentes lésions. Parmi les plus connues figurent la déchirure vaginale et l’épisiotomie. Les déchirures sont-elles systématiques ? Comment soigner une déchirure et comment accélérer la cicatrisation ?
Déchirure à l’accouchement : on fait le point.
Quelle est la différence entre déchirure vaginale et épisiotomie ?
Une déchirure vaginale est une séquelle fréquente lors d’un accouchement. Elle peut être due à une lésion incontrôlée provoquée lors de l’expulsion ou encore due à une épisiotomie, un acte volontaire réalisé par l’équipe médicale. La déchirure vaginale et l’épisiotomie sont toutes deux des lésions du périnée. En quoi sont-elles différentes ?
La déchirure vaginale
La déchirure vaginale est une lésion des tissus du périnée, c’est-à-dire : de la muqueuse vaginale (paroi interne du vagin) et/ou de la peau périnéale (entre vagin et anus) et / ou des muscles périnéaux, et/ ou (plus rarement) du sphincteranal. La déchirure est souvent superficielle c’est-à-dire que la peau et la muqueuse vaginale sont déchirés, les muscles ne sont pas touchés. La déchirure peut être favorisée par l’utilisation de forceps, de spatules, ou encore par l’expulsion d’un gros bébé.
La déchirure survient principalement lors de la phase d’expulsion, au moment où les contractions utérines deviennent particulièrement intenses et que la tête du bébé franchit le périnée créant l’étirement maximal des tissus.
Une déchirure peut être la cause d’une hémorragie du post-partum. C’est la raison pour laquelle vous demeurez environ deux heures en salle de naissance, sous surveillance attentive, après l’arrivée de votre bébé.
L’épisiotomie
L’épisiotomie est une incision médio-latérale effectuée par une sage-femme ou un·e médecin. Elle se fait à l’aide d’une paire de ciseaux chirurgicaux sur la partie inférieure de la vulve, près de la partie anale. L’incision est de 3 ou 4 cm environ et permet d’agrandir l’espace par lequel passe le bébé afin de faciliter sa sortie. La peau, les parois du vagin et une partie des muscles périnéaux sont coupés.
Par le passé, l’épisiotomie a été largement surutilisée et à la fin des années 1990, plus de 70 % des femmes accouchant de leur premier enfant y étaient soumises, ainsi que 36 % de celles ayant déjà eu des enfants. Cette pratique reposait principalement sur l’idée qu’elle prévenait les déchirures sévères du périnée, une hypothèse aujourd’hui clairement invalidée.
Heureusement, la situation a nettement évolué. Selon les chiffres de l’enquête nationale périnatale de 2021, seules 8,3 % des femmes ont eu recours à une épisiotomie. C’est un progrès notable, mais insuffisant. Certains CHU parviennent à faire baisser ce chiffre, montrant qu’un autre modèle est possible.
Les indications de l’épisiotomie ont été profondément révisées. Elle n’est plus préconisée lors d’un accouchement physiologique et ne doit être envisagée qu’en présence d’un risque spécifique, comme une anomalie du rythme cardiaque du bébé nécessitant une extraction rapide. Elle n’est plus non plus recommandée de manière systématique lors d’un accouchement instrumentalisé. Il est donc tout à fait pertinent d’inscrire dans un projet de naissance la volonté de limiter cette intervention chirurgicale à ces seules situations.
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Les différents niveaux de déchirures possibles à l’accouchement
Il existe plusieurs niveaux de déchirures périnéales qui sont classées en 3 degrés différents :
- Les déchirures incomplètes au 1er degré : considérées comme des déchirures périnéales simples. Elles concernent la muqueuse du vagin, la peau ano-vulvaire, et, dans certains cas, le plan musculaire superficiel du plancher pelvien. Les sutures se font sous anesthésie locale ou péridurale,
- Les déchirures complètes du 2ème degré : il s’agit du même cas de figure que les déchirures du 1er degré sauf que dans ces situations, le sphincter externe de l’anus est également concerné et nécessite d’autres sutures.
- Les déchirures complètes compliquées du 3ème degré : elles relient le vagin et le bas rectum. Il y a une rupture de la paroi anale. La patiente a donc besoin de suture en salle d’opération après l’accouchement.
Les suites d’une déchirure peuvent s’accompagner de différents types d’incontinence ou de douleurs. Les suites peuvent aussi être très simples selon le degré d’atteinte et la cicatrisation.

Comment réduire les chances d’une déchirure à l’accouchement ?
Bien qu’il n’existe pas de remède miracle, le massage du périnée pourrait réduire le risque de déchirure à l’accouchement. Si ce massage vous apporte du bien-être ou vous aide à vous préparer à l’accouchement, vous pouvez le faire, sinon, il n’est pas indispensable.
Le massage du périnée est parfois proposé en fin de grossesse afin de mieux connaître cette zone du corps. Il permet notamment de se familiariser avec le périnée, de réduire certaines appréhensions et d’assouplir les tissus, ce qui peut vous aider à appréhender plus sereinement les sensations ressenties lors de l’accouchement. Aucune étude scientifique valable n’a prouvé l’efficacité de cette technique sur la baisse de l’incidence des déchirures. Si cela vous fait plaisir ou que vous sentez que cela vous permet de vous préparer, faites-le ! Dans le cas contraire, oubliez !
Ce massage se pratique de préférence à partir de 34 semaines d’aménorrhée, idéalement chaque jour ou simplement lorsque vous en avez le temps, durant 5 à 15 minutes. Il convient d’abord de se laver les mains, puis de choisir une position confortable : debout avec une jambe posée sur un support, semi-assise avec des coussins ou encore accroupie.
Pour réaliser le massage, utilisez une huile neutre comestible, de préférence biologique, comme l’huile d’olive. Avec le pouce ou un autre doigt, massez la partie inférieure du vagin, entre 3 et 9 heures du cadran imaginaire situé entre le vagin et l’anus. Commencez par un mouvement de balancier, lent, une dizaine de fois, afin de reconnecter cette zone à vos sensations. Ensuite, exercez de légères pressions soutenues, successivement dans différents points du cadran, en maintenant chaque pression quelques secondes.

Comment soigner une déchirure après un accouchement ?
La déchirure est suturée par une sage-femme ou un.e obstétricien.ne à l’aide de points de suture résorbables qui s’en vont généralement au bout d’une quinzaine de jours. Le geste s’effectue après l’expulsion du placenta. Pour ce faire, elle·il suture ce qui a été coupé, soit les parois du vagin, les muscles puis la peau.
L’opération dure généralement une quinzaine de minutes selon le type de déchirure. Il est normal que vous soyez pressée à l’idée de vous retrouver seul·e·s avec votre enfant mais il est important que l’opérateur s’applique pour suturer correctement.
Que vous ayez vécu un accouchement par voie basse sous péridurale ou non, le geste ne doit pas vous faire mal. Si tel est le cas, il faut le signaler afin que le·a professionnel.le de santé vous anesthésie correctement. Cela peut être local ou bien en réinjectant dans la péridurale si vous en avez une.

Comment accélérer la cicatrisation en cas de suture après une déchirure ?
La durée de la cicatrisation est variable en fonction des cicatrices. Elle dépend de l’attention apportée au soin et du degré de la déchirure. Pour favoriser le processus de cicatrisation, il est conseillé de la nettoyer 2 fois par jour à l’aide d’eau et de savon et de la sécher en tapotant avec une serviette douce.
Tentez de vous ménager au maximum. Pour ce faire, évitez de rester debout trop longtemps et ne soulevez pas de charges lourdes pendant cette période. Vous pourrez vérifier l’état de votre cicatrice avec votre sage-femme 10 jours après l’accouchement.
Lors de la visite post-natale, qui a lieu lors de la 6ème semaine de post-partum, votre gynécologue ou votre sage-femme vous examine pour vérifier la bonne cicatrisation et vous donne l’autorisation ou non d’effectuer votre rééducation du périnée.
Si des complications venaient à apparaître lors de la cicatrisation (douleurs importantes, odeur, pertes anormales), ne tardez pas à consulter votre professionnel·le de santé afin de rapidement traiter l’infection !
En résumé, si la déchirure vaginale reste un événement assez fréquent, elle est le plus souvent superficielle et se soigne efficacement. Quant à l’épisiotomie, son utilisation s’est heureusement considérablement réduite grâce à l’évolution des recommandations et à une meilleure compréhension de ses indications réelles.
Il est important de garder à l’esprit que chaque naissance est unique et qu’aucune femme ne peut prédire avec certitude si elle aura une déchirure ou non. Toutefois, une bonne préparation et un accompagnement adapté permettent d’aborder ce moment avec davantage de sérénité. En cas de déchirure, n’hésitez pas à prendre soin de vous et à faire surveiller la cicatrisation régulièrement.
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