Elle a lieu après l’ovulation et avant les règles : nous parlons bien sûr de la phase lutéale ! Que se passe-t-il dans votre corps à ce moment-là et quels sont les symptômes associés ? Quel est le rôle de la progestérone ?
On fait le point.
Qu’est-ce que la phase lutéale et pourquoi est-elle importante ?
La phase lutéale fait partie des différentes phases du cycle féminin. Le cycle menstruel est composé de quatre phases :
- La phase folliculaire,
- L’ovulation,
- La phase lutéale (celle qui nous intéresse ici),
- Et les menstruations (les règles).
Le saviez-vous ? Contrairement à ce que l’on pense, le cycle menstruel ne dure pas forcément 28 jours mais peut varier de 18 à 40 jours en fonction de chaque femme.
Alors concrètement, la phase lutéale (aussi appelée phase post-ovulatoire), qu’est-ce que c’est ? Une fois l’ovule attrapé par la trompe lors de la phase fertile (l’ovulation), le follicule (son “enveloppe”) reste dans l’ovaire afin de préparer le terrain pour une éventuelle fécondation : c’est le corps jaune. La phase lutéale correspond à la durée de vie de ce corps jaune (généralement entre 11 et 16 jours).
Pendant cette phase, le corps jaune continue de sécréter des œstrogènes comme il le faisait quand il était le follicule dominant mais il se met surtout à sécréter une seconde hormone en très grande quantité : la progestérone. Cette hormone permet de développer la muqueuse utérine en vue de l’implantation d’un ovule fécondé.
Pendant environ deux semaines, le corps jaune attend de savoir si un ovule fécondé s’implante ou non et adapte son comportement en fonction :
- Si l’ovule est fécondé et que l’embryon s’implante dans l’utérus, ce dernier sécrète la bêta-HCG (l’hormone de grossesse par excellence) via les premières cellules du placenta. Grâce à celle-ci, le corps jaune va alors savoir qu’il peut rester dans l’ovaire et continue de sécréter les hormones de grossesse : progestérone et oestrogènes.
- Si l’ovule n’est pas fécondé, le corps jaune dégénère, la production de progestérone chute et la muqueuse utérine se détache, provoquant l’arrivée des menstruations.
Quels sont les principaux symptômes associés à la phase lutéale ?
Maintenant que nous avons vu ce qu’il se passait dans votre corps lors de la phase lutéale, voyons les symptômes qui peuvent y être associés.
L’ovulation laisse dans l’ovaire le corps jaune qui sécrète alors de la progestérone en grande quantité. L’œstradiol, qui était en pic avant l’ovulation, redescend légèrement mais continue d’être sécrété par le corps jaune. Ces changements de taux hormonaux peuvent affecter votre corps, provoquant parfois des symptômes plus ou moins importants, c’est le fameux syndrôme pré-menstruel (SPM). Durant cette période, vous pouvez constater :
- Une hausse de votre température corporelle de quelques dixièmes de degré (entre 0,3 et 0,5) : qui restera élevée jusqu’au début des menstruations.
- Des changements d’humeur : tristesse, irritabilité, anxiété, manque d’énergie…
- Des douleurs : seins tendus, maux de ventre…
- D’autres troubles éventuels : digestifs, dermatologiques…
Le saviez-vous ? Votre corps vous fournit d’ores et déjà des outils naturels pour savoir dans quelle phase vous vous trouvez. Il s’agit de la température de votre corps et de la glaire cervicale (ou mucus cervical). On parle alors de méthodes d’observation du cycle (MOC) ou de symptothermie.
Pour ce faire, il existe des méthodes d’apprentissage (comme la méthode Billings ou FertilityCare) qui vous permettent d’observer correctement votre cycle. Vous pouvez d’ailleurs vous faire former par des professionnel·le·s de santé. En observant ainsi l’évolution de votre température basale et/ou votre glaire cervicale tout au long de vos cycles, vous pouvez déterminer avec précision si vous vous trouvez en phase pré-ovulatoire ou post-ovulatoire. Le corps est bien fait non ?
Si vous êtes familière à ces méthodes d’observation, le début de la phase lutéale s’observe lorsque vous passez d’une sensation de grande lubrification (au moment du pic ovulatoire) à une sensation sèche ou de faible humidité.
Psst ! Si le sujet vous intéresse, Marion Vallet (sage-femme et co-auteure du livre Cycle féminin au naturel) vous dit tout ce qu’il y a à savoir dans une masterclass disponible sur May.
Quel rôle joue la progestérone durant la phase lutéale ?
La progestérone (l’hormone pro-gestérone, “pour” la gestation/grossesse) joue donc un rôle important durant la phase lutéale. Si l’on récapitule :
- Elle est produite par le corps jaune jusqu’à ce que ce dernier reçoive un signal (soit l’apparition de la fameuse bêta-HCG) qui lui indique si l’implantation la fécondation a eu lieu ou non.
- Si la nidation a eu lieu, le corps jaune va alors continuer à produire de la progestérone ainsi que des œstrogènes.
- Si la nidation n’a pas eu lieu, les taux de progestérone vont lentement baisser avant l’arrivée des règles, causant les fameux symptômes pré-menstruels que l’on a évoqués plus haut.
- De plus, une trop grande ou trop faible production de progestérone peut dérégler la phase lutéale, la rallongeant ou la raccourcissant ce qui, à terme, peut poser des difficultés pour concevoir.
Comment le syndrome prémenstruel est-il lié à la phase lutéale ?
Nous l’avons vu plus haut, la phase lutéale correspond au moment du cycle où peut arriver le fameux (et souvent désagréable) SPM juste avant l’arrivée des règles. Cela est dû aux changements hormonaux provoqués par le corps jaune. Lorsqu’ils sont trop importants, ces symptômes peuvent être soulagés grâce à la prise d’une pilule contraceptive hormonale (qui va arrêter les cycles naturels et donc permettre un lissage hormonal) selon votre situation.
Le saviez-vous ? On compte environ 200 symptômes liés au SPM : des symptômes physiques et psychiques qui peuvent avoir des intensités très diverses et varier d’un cycle à l’autre. Si vous souffrez chaque mois d’un SPM important, n’hésitez pas à en parler à un·e professionnel·le·s de santé.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Comment peut-on mesurer la durée de la phase lutéale ?
Comme dit précédemment, la durée d’un cycle est variable d’une femme à l’autre. Il en va de même pour la durée de la phase lutéale. Elle dure généralement entre 11 et 16 jours. Notez que certains déséquilibres hormonaux peuvent venir perturber cette durée.
Si vous souhaitez mesurer la durée de la phase lutéale, nous vous invitons une nouvelle fois à vous tourner vers la symptothermie qui peut vous permettre d’observer votre cycle avec précision.
Quelles sont les causes d’une phase lutéale courte ou dysfonctionnelle ?
Une phase lutéale courte peut donc être causée par un déséquilibre hormonal qui vient perturber votre cycle. Mais pas seulement ! Une phase post-ovulatoire courte ou dysfonctionnelle (qui ne permet pas à l’endomètre, la muqueuse utérine, de s’épaissir suffisamment pour accueillir un ovule fécondé) peut également trouver sa source ailleurs.
Lorsque vous avez un projet de grossesse et que vous rencontrez des difficultés à concevoir, les professionnel·le·s de santé peuvent d’abord explorer la piste hormonale (une trop faible émission de progestérone peut avoir un impact sur la phase lutéale) et/ou vers l’endomètre, qui peut présenter des malformations.
Quels traitements sont disponibles pour les problèmes liés à la phase lutéale ?
Si votre professionnel·le de santé constate un dysfonctionnement lors de votre phase lutéale, plusieurs traitements peuvent vous être proposés. Au moindre doute , il ne faut pas hésiter à consulter un·e spécialiste (gynécologue, sage-femme…).
Parmi ces traitements, les plus courants sont les compléments hormonaux (de progestérone plus précisément) par voie orale, vaginale, en suppositoires ou en injection.
Quelles sont les recommandations diététiques et d’exercice pour soutenir une phase lutéale saine ?
Il n’existe pas de recommandations bien précises concernant l’hygiène de vie à adopter pour une phase lutéale saine. En revanche, un mode de vie sain ne peut être que bénéfique pour tout votre corps, y compris pour la bonne santé de vos organes reproducteurs.
Concernant votre alimentation, Santé publique France recommande de :
- Augmenter la consommation d’aliments d’origine végétale et riches en fibres (soit des fruits, des légumes, des légumes secs et des féculents complets).
- Privilégier la consommation d’aliments riches en oméga 3 (du poisson au moins deux fois par semaine, des fruits à coque non salés au moins une fois par jour) et d’huile d’olive.
- Réduire la consommation de viande et de charcuterie en privilégiant la volaille et en alternant les sources de protéines.
- Réduire la consommation d’aliments gras, sucrés, salés et ultra-transformés.
- Réduire la consommation de boissons sucrées et/ou alcoolisées.
- Avoir une consommation suffisante mais limitée de produits laitiers.
Concernant l’activité physique, il est conseillé de :
- Pratiquer une activité physique régulière.
- Faire des activités adaptées à ses capacités.
- Diminuer les temps d’inactivité le plus souvent possible.
Notez qu’en plus de tout cela, il existe d’autres facteurs qui peuvent influer sur votre santé et votre fertilité. On pense notamment à : des carences, un manque de sommeil, une trop faible exposition à la lumière du soleil, et/ou une grande exposition à des produits toxiques (type alcool, cigarettes, drogue…).
La phase lutéale est donc l’étape qui suit l’ovulation dans votre cycle menstruel. Sa durée est variable d’une femme à l’autre et peut différer en fonction d’éventuels dérèglements hormonaux. C’est également lors de cette phase que le SPM (plus ou moins incommodant selon les personnes et les situations) peut apparaître.
Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.
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Photo : inessaarteni92