Éducation positive : comment l’appliquer au quotidien ?

Rédigé par Sonia Monot
Publié le 24 février 2025
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8 minutes

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L’éducation positive – ou parentalité positive – évoquée par Rousseau, Montessori ou encore Dolto, connaît un regain d’intérêt depuis plusieurs années. Ce phénomène doit en grande partie son succès aux progrès des neurosciences, dont les récentes découvertes ont confirmé les théories des premiers défenseurs de cette méthode d’éducation. Qu’entend-on par éducation positive ? Quels concepts clés faut-il avoir en tête pour s’engager dans une parentalité bienveillante ?

Éducation positive : faisons le point.

Qu’est-ce que l’éducation positive ?

La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) – signée le 20 novembre 1989 – ainsi que les grandes avancées faites dans le domaine des neurosciences et de la psychologie enfantine révolutionnent chaque jour un peu plus notre façon de considérer les enfants. Aujourd’hui les violences physiques et verbales sont condamnables et les rapports parents/enfants ont beaucoup évolué.  De nombreux parents s’interrogent alors sur les meilleures pratiques pour élever leur enfant. Parmi elles : l’éducation positive.

La définition officielle de l’éducation positive

En 2006, le Conseil de l’Europe a défini la parentalité positive de la façon suivante :

Comportement parental fondé sur l’intérêt supérieur de l’enfant qui vise à l’élever et à le responsabiliser, qui est non violent et lui fournit reconnaissance et assistance, en établissant un ensemble de repères favorisant son plein développement.”

Concrètement, on parle d’éducation positive lorsque la méthode d’éducation s’appuie sur les points suivants : 

  • Le respect (de l’enfant en tant que personne et de son développement),
  • La non-violence (qu’elle soit verbale, physique ou morale),
  • La collaboration, l’autonomisation et la responsabilisation de l’enfant.

Le tout, en tenant compte des droits et des devoirs de chaque parent. Malgré ce qu’en disent ses détracteurs, l’éducation positive n’est donc pas synonyme de laxisme. Au contraire, l’objectif majeur de l’éducation positive est de concilier bienveillance et fermeté pour permettre à l’enfant de devenir plus tard un adulte responsable, épanoui et autonome.

Les origines de l’éducation positive

Il est difficile de retracer pleinement les origines de l’éducation positive, puisqu’elle est née de différents courants de pensées et résultats de recherches. En revanche, on sait qu’elle est intrinsèquement liée à la révolution des neurosciences. On vous explique.

Au début du XXIème siècle, les neuroscientifiques (les scientifiques qui étudient le fonctionnement du cerveau) se sont penchés sur le fonctionnement cérébral d’un enfant et en ont tiré les conclusions suivantes : 

  • Son cerveau est immature et incapable de raisonner comme les adultes ou de temporiser les émotions qui le submergent : le jeune enfant est donc bruyant et réactif par définition et nous devons seulement lui laisser le temps de maturer.
  • Son cerveau est très plastique et apprend des milliers de choses par jour pour développer son autonomie, son intelligence et ses capacités relationnelles. Cet apprentissage se fait plus facilement dans un climat encourageant et bienveillant, et quand l’enfant peut découvrir le monde avec plaisir, le manipuler sans limites.
  • Son cerveau est très vulnérable et sensible aux interactions avec son environnement : il se développera moins facilement si l’enfant subit des maltraitances ou des négligences, ou même si son réservoir de stress est trop souvent plein. Il n’apprend rien par peur, si ce n’est à reproduire des comportements violents similaires.

Conclusion ? Le cerveau d’un enfant a besoin d’être protégé, afin de se développer correctement et de façon harmonieuse. Mais ce n’est pas tout : votre enfant a également besoin d’affection pour se construire en tant que personne ainsi que pour développer sa confiance en soi et en les autres. C’est de là qu’est né le concept de l’éducation positive, dont les principes respectent en très grande partie ces découvertes neuroscientifiques.

Les grandes figures de l’éducation positive : ressources utiles

En plus des neuroscientifiques à l’origine des études sur le fonctionnement cérébral d’un enfant, il existe un certain nombre de figures de proue de l’éducation positive. En voici quelques-unes : 

  • John Bowlby (psychiatre et psychanalyste britannique) : c’est lui qui est à l’origine de la théorie de l’attachement, qui souligne l’importance des liens affectifs sécurisants pour le bon développement émotionnel de l’enfant. Il a, entre autres, écrit la trilogie Attachement et perte (éditions PUF).
  • Isabelle Filliozat (psychothérapeute) : elle est considérée comme une pionnière de la parentalité positive en France et à contribué à populariser cette approche en publiant de nombreux livres. Elle a par exemple écrit J’ai tout essayé ! (éditions Marabout), Parent sans s’énerver (éditions Nathan) ou encore Au cœur des émotions de l’enfant (éditions Marabout).
  • Catherine Gueguen (pédiatre spécialisée en neurosciences affectives et développementales) : dans ses livres, c’est l’impact des relations bienveillantes sur le développement cérébral de l’enfant qui est mis en avant. Parmi ses livres les plus connus sur l’éducation positive, on retrouve Pour une enfance heureuse (éditions Pocket) ou encore Vivre heureux avec son enfant (éditions Pocket).
  • Marshall Rosenberg (psychologue américain) : il est le créateur de la Communication Non Violente (CNV), une méthode de communication empathique qui est souvent citée dans l’éducation positive. La Communication Non Violente au quotidien (éditions Jouvence).

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Les points clés de l’éducation positive

Nous avons brièvement évoqué ces points en début d’article, concrètement, voici les 4 fondements de l’éducation positive. Leur compréhension et leur considération est clé afin de mettre en place les piliers d’une parentalité bienveillante.

Mais avant toute chose : notez que l’enfant est bon par nature. La capacité à manipuler ses parents ou tout autre personne n’apparaît en effet que vers 4 ou 5 ans. Avant cela, le cerveau de l’enfant n’est tout simplement pas capable d’anticiper l’impact de ses actions sur l’autre. L’enfant ne peut pas se décentrer. Il n’est donc pas capable de vous manipuler. Sachant cela, voici les 4 fondements de l’éducation positive.

  • La non violence : quand bien même votre enfant peut parfois faire des crises qui jouent avec vos nerfs, il ne faut pas réagir par la violence (physique ou verbale). Essayez de privilégier le dialogue ou de passer le relais.
  • Respect de l’enfant en tant que personne : ses besoins, son rythme, et sa capacité d’autonomie varient de ceux d’un adulte, il faut donc prendre ce facteur en compte. Évaluer le comportement d’un enfant comme s’il était un adulte conduit donc à des erreurs de jugement.
  • Respect de son développement et de sa maturité :  chaque enfant évolue à son propre rythme, et son cerveau est plus lent que celui d’un adulte. Cela explique alors un grand nombre de ses comportements.
  • Encouragement de sa collaboration, autonomisation, responsabilisation : l’idée est de lui donner les clés pour lui permettre de prendre confiance en lui et de se débrouiller seul.

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L’éducation positive en pratique : exemples du quotidien

Voici quelques exemples pratique pour mettre en application l’éducation positive dans votre quotidien

  • Si votre enfant refuse d’obéir à l’une de vos consignes (par exemple aller au bain ou rentrer du parc) : le fait de lui donner des choix peut faciliter cette transition (par exemple, lui demander s’il préfère prendre une douche ou un bain, du moment que la toilette sera faite) l’enfant se sent acteur et obéit plus facilement.
  • Adapter votre communication à son niveau de développement : c’est essentiel pour faciliter sa compréhension. Par exemple, vous pourrez remplacer de grandes explications inutiles par des consignes claires et concises. Plutôt que de dire “je ne peux pas t’acheter ce jouet car je n’ai pas assez d’argent, tu en as déjà un similaire, tu n’en as pas besoin, etc…”, dites lui simplement “non ce ne sera pas possible aujourd’hui, peut être une prochaine fois, tu viens m’aider à choisir les pommes ?”  Vous répondez ainsi à son niveau de compréhension (pas besoin d’argumenter votre refus et vous proposez une distraction pour attirer son attention sur quelque chose qui le rend acteur).
  • Comprendre ses crises de colère (qui sont normales à son âge) par le prisme de son immaturité : vous pouvez lui dire “je comprends que tu sois fâché parce que je ne t’ai pas laissé faire cela”, le consoler de cette frustration et déplacer son attention vers autre chose. Pour éviter les colères au maximum, vous pouvez sécuriser votre logement pour éviter les tentations inutiles. Mais vous ne pourrez pas les éviter toutes !
  • Dans tous les cas, ne pas répondre aux crises de votre enfant par de la violence, même quand il met votre patience à rude épreuve : passer le relais si vous sentez que la moutarde vous monte au nez, prendre de la distance si besoin et vous demander quels besoins de votre enfant peuvent être comblés pour éviter des crises trop fortes (était-il très fatigué, avait-il reçu suffisamment d’attention, que voulait-il vraiment ?) en comprenant le pourquoi, on réagit souvent différemment.

Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe d’infirmières puéricultrices vous répond 7j/7 de 8h à 22h.

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Quelles différences avec la pédagogie Montessori ?

La pédagogie Montessori est une méthode éducative créée et rendue célèbre par Maria Montessori, grande défenseuse de la cause des femmes et des enfants et première femme médecin d’Italie. Il s’agit d’une méthode éducative axée sur le désir spontané de l’enfant d’apprendre en interagissant avec son environnement.

Comme l’éducation positive, il s’agit d’une méthode d’éducation bienveillante qui met en avant la bienveillance et cherche à offrir plus d’autonomie à l’enfant. Il s’agit d’ailleurs plus d’une philosophie de vie que d’une méthode d’éducation à proprement parler.

Bon à savoir : bien qu’il s’agisse de deux méthodes d’éducation distinctes, la pédagogie Montessori et l’éducation positive ne sont pas incompatibles. Bien au contraire, elles peuvent être combinées en raison de leurs valeurs communes (respect du rythme de l’enfant, bienveillance).

Voici un tableau récapitulatif des principales différences entre l’éducation positive et la pédagogie Montessori.

 

Éducation positive

Pédagogie Montessori

Philosophie

Basée sur la bienveillance, l’empathie et la coopération pour favoriser l’épanouissement de l’enfant.

Favorise l’autonomie, le respect du rythme de l’enfant et l’apprentissage par l’expérience sensorielle.

Objectif principal

Développer la confiance en soi, l’intelligence émotionnelle et des relations harmonieuses.

Encourager l’enfant à devenir un individu indépendant, curieux et capable de s’auto-discipliner.

Approche de l’adulte

Le parent est un guide bienveillant, qui fixe un cadre avec fermeté et respect.

Le parent est un observateur et un accompagnateur qui met à disposition un environnement adapté aux besoins de l’enfant.

Méthodes utilisées

Communication non violente, validation des émotions, encouragement au lieu de punition (renforcement positif).

Matériel Montessori, apprentissage en autonomie, libre choix des activités.

Discipline et cadre

Basée sur l’écoute, le dialogue et des règles claires mais bienveillantes (fermeté et empathie).

L’enfant suit un cadre libre mais structuré, avec des règles précises qui favorisent l’autodiscipline.

Éducation positive : comment l’appliquer au quotidien ? may app santéAvantages et inconvénients de l’éducation positive

Comme pour chaque méthode d’éducation, les avis divergent. Alors comment s’y retrouver ? Voici une liste non exhaustive des avantages et inconvénients rattachés à l’éducation positive.

Quels sont les bienfaits de l’éducation positive ?

L’éducation positive présente un certain nombre de bienfaits pour les parents et surtout pour l’enfant : 

  • Lien parent-enfant : généralement, l’éducation positive permet de renforcer le lien parent-enfant puisque la communication est au cœur de cette méthode d’éducation. Bien entendu, il ne s’agit pas de la seule façon de renforcer votre lien avec votre enfant.
  • Développement de l’autonomie : là encore, il s’agit de l’un des fondements de la parentalité positive. Grâce à une communication bienveillante et respectueuse, qui augmente la confiance en soi de votre enfant, vous lui permettez de développer son autonomie.
  • Réduction des conflits : dans la vie de parents, les conflits sont inévitables. Il faut dire que le cerveau de votre enfant est loin d’être suffisamment développé pour lui permettre de contenir toutes ces émotions qui le submergent. En revanche, ces conflits peuvent être moins fréquents (ou réglés plus facilement/en moins de temps) avec une communication adaptée, comme celle proposée par l’éducation positive.

Les limites de la parentalité positive

Avec l’émergence de ce courant d’éducation certaines personnes pensent – à tort si l’on se base sur la définition pure de cette méthode – que l’éducation positive pousse au laxisme

Comme souvent avec les messages transmis à un grand nombre de personnes, il est possible que ceux-ci soient mal interprétés ou transformés. Aussi, il n’y a rien d’étonnant à ce que l’éducation positive soit mal interprétée (par les détracteurs d’une part, et parfois même par ceux qui la pratiquent).

L’éducation positive ne consiste pas à tout permettre aux enfants pour éviter les conflits mais bien de maintenir une communication ouverte et respectueuse afin de résoudre plus rapidement les conflits ou même les limiter. De même, le fait de maintenir des rapports sans violences (sous toutes ses formes : fessées, pincements, cris, menaces, punitions, chantage…) ne signifie pas une permissivité absolue. Il est tout à fait possible d’apprendre des règles et de poser des limites à un enfant sans avoir recours à la violence.

Faut-il avoir recours à l’éducation positive ?

Le choix d’une méthode éducative plutôt qu’une autre est très personnelle et dépend d’un certain nombre de facteurs, qui vous sont propres. Aussi, vous êtes (vous et le ou la co-parent·e) le/la seul·e à pouvoir faire ce choix.

Ce qui compte, c’est de trouver la méthode éducative qui vous convient et vous correspond, bien sûr, tout en respectant vos devoirs en tant que parent et les droits de votre enfant. D’ailleurs, il est plutôt rare que des parents collent à 100% à une méthode éducative spécifique. Souvent, votre façon d’éduquer votre enfant évolue au fil du temps, de vos lectures, de vos rencontres et de la personnalité de votre enfant.

L’éducation positive est donc une méthode pédagogique qui se base sur les avancées faites en neurosciences concernant le fonctionnement du cerveau de l’enfant. Il s’agit plus d’une philosophie de vie que d’un manuel d’éducation et en cela se marie bien avec la pédagogie Montessori (ou vos propres aménagements). Dans tous les cas, vos méthodes d’éducation tendent à s’affiner avec le temps au fur et à mesure que votre enfant grandit et s’ajustent à chaque enfant en fonction de ses particularités. Comme toujours en cas de doutes ou d’inquiétudes, n’hésitez pas à consulter votre médecin ou pédiatre ou l’un·e de nos professionnel·le·s de l’équipe May.

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Crédits photos : wosunan | Image-Source | sarawut20003 | 1footage | AnnaStills


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